Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : élections municipales

Joëlle Ceccaldi-Raynaud élue Maire de Puteaux [conseil municipal du 25 mai 2020]

Lors du premier Conseil municipal de la nouvelle mandature, le lundi 25 mai 2020, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a été élue Maire de Puteaux, sans surprise.

La Maire d’une ville n’est en effet pas directement désignée lors de l’élection municipale. Celle-ci ne permet que de déterminer qui sont les conseiller·e·s municipaux, qui, eux, vont élire le Maire lors du premier conseil municipal. Concrètement, à Puteaux, la liste arrivée en tête obtient 22 élu·e·s en “bonus”, et les 21 postes restants sont attribués à la proportionnelle entre l’ensemble des listes. Ce qui donne une proportionnelle absolument biaisée : une liste ayant obtenu 50% des voix se retrouve avec 75% des élu·e·s.

Composition du nouveau Conseil municipal

A Puteaux, le nouveau Conseil municipal est donc composé de la manière suivante :

  • 36 élu·e·s de la liste menée par Joëlle Ceccaldi-Raynaud
  • 3 élu·e·s de la liste LREM
  • 3 élu·e·s de la liste EELV
  • 1 élu (moi) pour la liste du Printemps Putéolien

Peu de suspens donc quant à l’élection du Maire ! Mme Ceccaldi-Raynaud a remporté 36 voix, face à Emmanuel Canto qui était le seul autre candidat et qui a remporté 5 voix.

EPT POLD, CCAS, CAO… Les autres désignations

Les autres délibérations concernaient d’autres points d’installation du Conseil, par exemple l’élection des adjoint·e·s au Maire, l’approbation du Règlement intérieur du Conseil municipal ou encore la désignation des représentants du Conseil municipal au sein de différentes instances.

Cette année, contrairement au mandat précédent, l’opposition avait la possibilité d’avoir un représentant au Conseil territorial (l’équivalent des communautés d’agglomération au sein de la Métropole du Grand Pris). Ceci nécessitait un vote unanime des 7 conseillers d’opposition. Jusqu’au bout, un bras de fer a été engagé entre LREM et EELV pour ce poste, laissant présager la perte de ce poste au profit de la majorité. Heureusement, lors de l’appel à candidature, EELV a décidé de retirer la sienne, et l’opposition a donc pu envoyer un représentant au Territoire en la personne de Christophe Hautbourg.

A titre symbolique et en contrepartie, il a été convenu que chacune des deux autres listes ait un·e représentant·e dans les deux autres instances les plus importantes du Conseil municipal : le Conseil d’administration du CCAS (centre communal d’action sociale) et à la Commission d’Appel d’Offre. Une belle illustration de confiance et de solidarité au sein de l’opposition, dans un contexte où, vous le savez, il est très compliqué d’être opposant politique !

Mon regret sur ce Conseil vient du fait que LREM / EELV / le MoDem ont commis une erreur éthique en élisant Bouchra Sirsalane au Conseil d’Administration du CCAS, alors même que son historique rendait inacceptable cette nomination. Nomination qui d’ailleurs est actuellement contestée devant le préfet par Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Je défends depuis toujours une opposition éthiquement irréprochable, et j’ai donc été contraint de m’abstenir lors de ce vote.

En route vers la succession…

L’avantage à Puteaux, c’est que quoi que fasse l’opposition, la majorité fait pire. Et nous avons donc été surpris de constater que, contrairement à ce que laissait supposer l’ordre de la liste de la majorité, c’est Vincent Franchi, le fils de la Maire, qui a obtenu le poste de premier adjoint ! Et ce, alors qu’il est infiniment moins compétent que le numéro deux de la liste, Franck Cavayé, et que toutes les personnes l’ayant fréquenté émettent de gros doutes sur ses capacités à assumer la moindre responsabilité.

La succession est donc en bonne voie à Puteaux, et la charge de Maire devrait bien rester dans la famille Ceccaldi, indépendamment de l’incompétence de l’héritier. Une information intéressante – et inquiétante, lorsque l’on sait que Joëlle Ceccaldi-Raynaud a toutes les chances de devenir sénatrice l’an prochain.

Bonus House of cards

En bonus, je vous explique cette histoire de poste de sénatrice (merci à Catherine Pommeré sur Twitter pour avoir attiré mon attention là-dessus) :

  • Lors de la dernière élection sénatoriale, Joëlle Ceccaldi-Raynaud s’est présentée en quatrième position sur la liste de Philippe Pemezec. Cette liste a obtenu deux élu·e·s.
  • En mars, P. Pemezec a mené une liste aux municipales du Plessis-Robinson (dont il a été maire jusqu’en 2017), liste victorieuse dès le premier tour. Il a annoncé son intention de redevenir maire, non pas dès aujourd’hui, mais à l’horizon de mars 2021.
  • En mars 2021, en raison du non-cumul des mandats, il devra donc laisser sa place au 3ème de liste. Il s’agit de Georges Siffredi. MAIS ! Georges Siffredi est devenu il y a quelques jours président des Hauts-de-Seine, suite au décès de Patrick Devedjian. Il se trouve donc en situation de cumul, et devra donc choisir entre le Sénat et la présidence du 92.
  • Si Georges Siffredi est réélu lors des élections départementales de 2021 au poste de président du CD92, il est fort probable qu’il laisse à son tour sa place à sa suivante de liste… Qui n’est autre que Joëlle Ceccaldi-Raynaud !
  • Que fera alors notre Maire de cette proposition, elle que l’on dit sur le départ pour le Sénat depuis plusieurs années déjà ? Refusera-t-elle de siéger et conservera-t-elle son mandat de Maire ? Ou cèdera-t-elle à l’appel du Palais du Luxembourg, en laissant sa progéniture accéder au pouvoir à Puteaux ? Vous le saurez en suivant les prochains épisodes de “Puteaux, ton univers impitoyable” !

Résultats de l’élection municipale 2020 à Puteaux

Alors que l’actualité post-électorale a été bouleversée par la pandémie de SARS-CoV-2, je prends quelques minutes de mon temps confiné pour revenir en détail sur les résultats de l’élection municipale de 2020 à Puteaux.

Résultats municipales 2020 Puteaux

Un résultat dans la lignée de 2014

A la lecture des résultats définitifs, la première constatation est qu’ils constituent tout sauf une surprise : il s’agit à quelques détails près des résultats de 2014, auxquels il faut enlever les scores des listes FN et Ceccaldi-père, bien entendu.

Joëlle Ceccaldi-Raynaud est ainsi largement réélue dès le premier tour, améliorant même ses scores de 2014 (56%) et de 2015 (61%). Derrière, la liste LREM héritière de la liste divers droite “Puteaux en Mouvement” de 2014 fait toujours entre 10% et 20%, de même que l’attelage EELV / MoDem qui repartait cette année sans l’étiquette officielle du parti de François Bayrou mais avec sa section locale. Derrière, la liste de gauche, que je menais, ne parvient toujours pas à dépasser les 10%, se rapprochant même de la barre fatidique des 5%.

Peu de surprises à l’annonce du résultat, donc. Mais le diable réside toujours dans les détails, et nous pouvons tirer quelques autres enseignements de ces résultats.

Pour les comparaisons entre 2014 et 2020, se reporter à la notice en fin d’article*.

1 – Un clientélisme plus fort que le coronavirus

Nous le craignions quelques jours avant le scrutin : l’abstention massive liée à la peur de l’épidémie a largement favorisé Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Une observation que l’on retrouve sur le graphique ci-dessous. Celui-ci représente, en ordonnées, le score de J. Ceccaldi, et en abscisses le taux de participation, le tout bureau de vote par bureau de vote.

Comme vous le voyez, la participation est largement plus forte dans les bureaux les plus favorables à la Maire sortante que dans ceux qui lui sont plus défavorables. C’est ce que j’ai représenté par la droite en rouge. C’est bien l’une des forces du système Ceccaldi : celui d’aller chercher ses électeur·trice·s pour les faire voter. Alors que l’électorat de l’opposition est plus touché par les fluctuations de participation, ce qui a un impact encore plus grand cette année.

2 – Des logements sociaux “ceccaldisés” à outrance

Nous en faisons régulièrement le constat : à Puteaux, le parc de logement social est la première des “mines d’or” électorales sur lesquelles repose la famille Ceccaldi. Sur le graphique ci-dessous, représentant le score de J. Ceccaldi-Raynaud par bureau de vote, j’ai indiqué en rouge ceux correspondant aux grandes résidences HLM de Puteaux.

Le résultat est incroyable (pour qui ne connaît pas Puteaux) : 11 des 12 meilleurs résultats de Joëlle Ceccaldi-Raynaud correspondent aux grandes résidences HLM de Puteaux. Résidences qui votent donc pour la Maire sortante entre 70% et 80% ! Des bureaux qui, pourtant, sur les élections nationales, votent plutôt à gauche ou Front National. Et des habitant·e·s qui ont pourtant beaucoup de reproches à faire à la mairie lorsqu’on les interroge en porte-à-porte.

3 – Une opposition dans le dur

Au-delà des résultats de J. Ceccaldi, dont nous avons maintenant l’habitude, je vais m’attarder sur l’opposition. Le premier constat, que je fais très humblement, est que l’opposition est à nouveau électoralement inexistante à Puteaux. Si Joëlle Ceccaldi perd 1000 voix entre 2014 et 2020, en raison de l’abstention, l’opposition en perd pour sa part plus de 2000, alors qu’elle en possédait moins initialement. Le résultat est donc là, amer : aucune de nos trois listes n’a dépassé les 15%.

Ironiquement, Facebook me rappelait il y a quelques jours le constat que je faisais au lendement de l’élection de 2014. Constat qui est toujours d’actualité, peut-être même plus qu’alors :

4 – La force des étiquettes

En rentrant dans le détail des résultats de l’opposition, un constat contre-intuitif s’impose. Alors que le monde politique est chambardé depuis 2017, et à l’heure où tout le monde proclame le “nouveau monde”, le schéma ancien perdure, peut-être même plus fort que jamais. Ainsi, le principal facteur de décision des électeur·trice·s est toujours l’étiquette des partis politiques, étiquettes qui sont pourtant si décriées.

Ainsi, la liste LREM, qui a mené une campagne très dynamique, sans doute d’ailleurs, je le reconnais, la meilleure campagne de ces élections, ne parvient qu’à rassembler 15% des suffrages. Si ce score représente une amélioration par rapport au score de Puteaux en Mouvement en 2014 (qui faisait alors moins de 14%), et permet à En Marche d’arriver deuxième, il est bien en deçà de ce que permettaient d’envisager les derniers résultats nationaux. De mon point de vue, cette liste a pâti de la défiance (le mot est faible) actuelle envers le gouvernement, et du caractère repoussoir de son étiquette.

Derrière, la liste EELV / MoDem, même si elle réalise un moins bon résultat qu’en 2014 (13,3% contre 15,6% à l’époque), est portée par la dynamique nationale pour EELV. La comparaison entre les deux campagnes, à 6 ans d’écart, est éclairante : en 2014, la liste Puteaux Pour Vous avait fait une campagne très dynamique, et elle était portée par un acteur reconnu ayant une très forte notoriété locale, Christophe Grébert. En 2020, à l’inverse, elle était portée par un nouvel arrivant, et n’a presque pas fait campagne (constituée in extremis fin février, avec un programme paru quelques jours avant l’élection). Mais en plaçant intelligemment le logo EELV sur les affiches et les bulletins de vote, la casse est limitée à 2,3 points.

Enfin, la liste du Printemps Putéolien, que j’ai conduite, a été la seule à refuser de s’enfermer derrière une étiquette, adoptant un logo fédérateur plutôt qu’une logique partisane. Et ce alors que nous étions soutenus par des partis aussi importants que le Parti Socialiste ou La France Insoumise. Grosse erreur stratégique dont nous avons pris conscience durant les derniers jours de campagne ! Les logos ont encore de beaux jours devant eux, et nous aurions dû accepter cette règle qui nous semblait archaïque. Avec un résultat de 6,7%, nous perdons 2 points par rapport à 2014.

5 – L’ancrage local : une force d’appoint

Le débat agite depuis longtemps les experts de science électorale : quelle est le poids de l’étiquette et quel est celui de l’ancrage local dans une campagne municipale ? D’après le constat 4, nous avons vu que l’étiquette pesait très lourd. Quant à l’ancrage local, son importance est mesurée mais non négligeable.

Un moyen de vérifier cette affirmation consiste à étudier plus précisément les résultats de ma liste, le Printemps Putéolien, bureau de vote par bureau de vote, et de regarder les résultats dans les bureaux où elle possède un ancrage fort (personnalité active et reconnue).

Dans le graphique ci-dessous, en rouge le résultat de la liste de gauche en 2014, et en bleu celui de 2020 :

On le voit, les scores sont globalement moins bons partout (malheureusement !), sauf à quatre endroits :

  • Bureau 21, qui est mon bureau de vote ainsi que celui de mon numéro 3, Laurent Giblot, et de Nadine Jeanne, élue sortante,
  • Bureau 22, qui fait partie de la même résidence,
  • Bureau 2, qui est celui de ma numéro 2, Anna Fryde,
  • Bureau 14, qui est celui de plusieurs personnes de ma liste, et notamment d’Evelyne Hardy, élue sortante.

Sur ces bureaux, nous réalisons un score moyen de quatre points supérieur à celui du reste de la ville (ce qui fait beaucoup, vu que le résultat global n’est pas haut !).

Si l’on fait le même travail pour la liste Ensemble pour Puteaux (LREM), on voit que le bureau de la tête de liste (Emmanuel Canto) – bureau 14 – a un score significativement plus élevés que le reste de la ville :

Je ne connais malheureusement pas assez les personnes de son équipe pour pouvoir détailler plus, mais je suppose qu’il se trouve parmi eux des personnalités reconnues dans les bureaux 15, 25 et 33, qui enregistrent de fortes progressions et un bon score. Le bureau de sa numéro 2, le bureau 4, a quant à lui un résultat en augmentation modérée.

En ce qui concerne la troisième liste d’opposition, EELV / MoDem, elle présente la particularité, comme je le disais précédemment, de ne pas jouer sur l’ancrage local, mais de miser sur l’étiquette. Ce qui est vérifié par le graphique suivant :

On voit ainsi que ni le bureau 20 de la tête de liste (Vincent Dubail), ni celui de sa numéro 2 (le 30), ni de son numéro 3 (le 11) ne sont particulièrement en augmentation.

6 – Perspectives

Ces constats sont intéressants, d’une part par curiosité intellectuelle, mais également parce qu’ils permettent de tracer des perspectives électorales à Puteaux. Comme j’aime à le répéter, l’alternance à Puteaux ne peut avoir lieu qu’avec un alignement des planètes. Au vu des constats précédents, ces planètes sont :

  • Un affaiblissement de la machine électorale – clientéliste de la famille Ceccaldi (par exemple avec le retrait de Joëlle Ceccaldi-Raynaud),
  • Une conjoncture nationale, et son jeu de vases communicants pour les étiquettes, favorable (par exemple sous une majorité nationale LR),
  • Un fort ancrage local de l’opposition.

Si nous n’avons pas de prise sur les deux premiers axes, il nous appartient, à nous tou·te·s qui nous réclamons de l’opposition, élu·e·s ou non, de travailler au troisième. Cela passe par du travail, en assistant au Conseil municipal de manière régulière d’une part (la base, mais qui n’a pas été assurée par tou·te·s lors du mandat qui s’achève), mais aussi en s’engageant au-delà du Conseil aux côtés des citoyen·ne·s, notamment dans la vie associative de la ville (même remarque).

La marge de progression est grande, mais nous pouvons travailler dès à présent, et sur le long terme, à la rétrécir. Je le souhaite, pour les Putéolien·ne·s et pour notre ville.

* Note méthodologique : les bureaux de vote ayant été modifiés entre 2014 et 2020, avec notamment la création d’un nouveau bureau au Palais de la culture et avec le redécoupage des bureaux existants, les résultats passés sont inexacts, calculés de manière approchée d’après le nouveau redécoupage.

Elections municipales 2020 à Puteaux : histoire d’une campagne

Ce soir à minuit, la campagne du premier tour de l’élection municipale 2020 à Puteaux s’achèvera. Ayant fait le choix de ne pas la suivre en direct sur ce blog, privilégiant le site officiel, je vais néanmoins tenter de résumer ces mois de travail et d’actions intensives.

Du côté de la gauche et des écolos, tout a commencé il y a un peu plus de deux ans et demi, lorsque les deux élu·e·s ex-MoDem ont quitté le groupe du Rassemblement. A l’époque, avec des représentant·e·s de tous les partis de gauche (de PS à EELV, en passant par le PCF et Génération·s) et des citoyen·ne·s de sensibilité de gauche mais sans “étiquette”, nous avons entamé des discussions sur l’avenir de Puteaux, en vue de construire une véritable alternative à la majorité actuelle.

Naissance du Printemps Putéolien

Ces discussions de fond se sont poursuivies pendant plusieurs mois. Puis, mi-2019, nous avons décidé de lancer officiellement Le Printemps Putéolien. Cela s’est déroulé le 20 juin 2019, 50 ans jour pour jour après l’accession de Charles Ceccaldi-Raynaud au pouvoir. Une soirée un peu hors du temps, au cours de laquelle l’ensemble de l’opposition municipale, citoyenne non encartée ou représentant des partis allant de… LREM à LFI, s’est retrouvée pour discuter écologie, solidarité et démocratie. Tout juste pouvait-on regretter l’absence des élu·e·s du groupe “Puteaux Futur” (ex-Modem) et des responsables EELV locaux. Une belle soirée de démocratie, qui a permis d’acter des points communs mais aussi des divergences. Suite à cette soirée, nous avons décidé de mettre en place avec les membres fondateurs du Printemps Putéolien une Grande Enquête, dont l’objectif était de demander aux Putéolien·ne·s leur avis sur la ville, leur quotidien, sur ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas. Le succès a été retentissant, puisque cette enquête est devenue la plus grande enquête indépendante de la mairie menée à Puteaux : plus de 500 personnes ont répondu au questionnaire, en ligne, sur les marchés ou en porte-à-porte.

A la rentrée de septembre 2019, suite à l’analyse des résultats, il est apparu que de nombreux·ses Putéolien·ne·s étaient en attente de changement, notamment pour plus d’écologie, plus de solidarité et plus de démocratie, comme nous nous y attendions. L’équipe du Printemps Putéolien a donc décidé de lancer une liste pour l’élection municipale. Avec une particularité : nous avons choisi dans un premier temps de ne pas désigner de tête de liste, considérant que le fond, idées, valeurs et propositions, valait mieux que les questions de personnes.

LREM ayant lancé sa campagne en août, et étant sur un positionnement politique différent de celui du Printemps Putéolien, nous avons proposé à l’ensemble de l’opposition de gauche de se joindre au mouvement, pour incarner une véritable alternative au duel entre les deux droites qui se profilaient. C’est ainsi que les militant·e·s LFI locaux nous ont rejoint, alors que trois des quatre militants EELV locaux ont fait un choix différent : ils trouvaient plus stratégiques d’avoir une tête de liste EELV garantie plutôt que passer par une élection ouverte, avec incertitude de la remporter. Un militant EELV décide néanmoins de poursuivre le travail débuté avec nous (et se retrouvera plus tard suspendu pour cela, mais c’est une autre histoire !).

Première campagne pour la désignation de notre tête de liste

Tout au long du mois de novembre, le Printemps Putéolien a donc été à la rencontre des habitant·e·s de la ville, pour les informer de notre démarche et leur permettre de participer. En parallèle, nous avons lancé une série d’ateliers de réflexion programmatique, ouverts également.

Puis, le 3 décembre, nous avons organisé la soirée de désignation de notre tête de liste. La soirée s’est déroulée en deux temps : tout d’abord les participant·e·s ont débattu sur les qualités nécessaires à la future tête de liste, puis chacun·e a pu se présenter au suffrage. Anna Fryde et moi-même nous sommes présenté·e·s, et j’ai eu le privilège d’être élu avec un peu plus de 60% des voix.

Le mois de décembre a ensuite été très chargé : en parallèle de la poursuite de la construction du programme, nous avons organisé la dernière ligne droite de la campagne, de janvier à mars. Documents à distribuer, charte graphique, signes de reconnaissance, site Internet, financement… Toutes ces réflexions qui ne sont pas forcément visibles mais qui occupent une bonne partie du temps de campagne.

La dernière ligne droite, de janvier à mars 2020

En janvier, la véritable campagne a commencé, par une action importante : le Printemps Putéolien a organisé une collecte des cartes de voeux anti-écologiques de la Mairie de Puteaux. Une belle réussite, qui nous a valu le soutien de nombreux·ses Putéolien·ne·s et qui a retenti hors des frontières de Puteaux, dans différents médias. Nous avons également sélectionné les propositions phare que nous allions défendre tout au long de la campagne, au nombre de sept, sur le thématiques, évidemment, de l’écologie, de la solidarité et de la démocratie, auxquelles nous avons ajouté l’égalité femmes/hommes. Des propositions impactantes, de fond, dont aujourd’hui avec le recul je continue d’être très fier !

Côté “petite politique”, j’ai été invité, au même titre qu’Emmanuel Canto (candidat LREM), par Vincent Dubail (EELV) et Bouchra Sirsalane (MoDem), à discuter d’alliances aux premier voire second tours. N’étant pas un grand fan des tractations secrètes, j’ai proposé que cette réunion soit ouverte au public. Nous avons donc vécu une nouvelle belle soirée de discussions, au cours de laquelle j’ai tendu la main à tou·te·s ceux·celles qui partagent nos valeurs. LREM a confirmé le fait que sa campagne était lancée et qu’il était compliqué de tout changer si près de l’élection, et EELV a annoncé qu’ils proposeraient une charte d’union de premier tour basée sur l’écologie. Quelques jours après, EELV et le MoDem annonçaient finalement la constitution d’une liste commune, réglant la question du périmètre d’union au premier tour.

Février a débuté sur les chapeaux de roue par l’inauguration de notre local de campagne ! Il s’agissait de la première fois depuis 2008 qu’une liste d’opposition disposait d’un local. L’intérêt d’un tel lieu est triple : d’une part il permet de ne plus dépendre du bon vouloir de la mairie pour disposer d’un lieu de réunion, d’autre part il permet d’établir des permanences pour rencontrer les Putéolien·ne·s dans un lieu fixe, et enfin pour des raisons logistiques, puisqu’il permet de centraliser le matériel nécessaire à une campagne (tracts, affiches, etc.).

La campagne a ensuite gagné en intensité. Nous avons continué à présenter notre projet aux Putéolien·ne·s, sous forme d’un livret détaillé, et nos principales proposition, sous la forme originale de tracts ensemencés. Le principe : ces tracts zéro déchet peuvent être plantés dans de la terre pour laisser place à des fleurs des champs. Nous avons lancé ce concept lors d’un happening original, puisque nous avons végétalisé des places de parking en plein centre de la ville.

Porte-à-porte, distribution de tracts, permanences, collage d’affiches : le quotidien des militant·e·s en campagne ! Bien sûr, tout cela demande de l’énergie, mais la conviction de se battre pour des idées et des valeurs fortes permet beaucoup. Je suis particulièrement fier de la bienveillance avec laquelle le Printemps Putéolien a fait campagne, en se plaçant toujours dans la proposition, en martelant ses idées et ses valeurs avant tout. Et ce, malgré des attaques parfois violentes venues de la majorité mais aussi d’une liste d’opposition pourtant sur le papier proche de nous.

Afin de récolter l’avis des Putéolien·ne·s sur nos propositions phare, toujours dans notre démarche de démocratie participative, nous avons mené une votation sur les marchés de Puteaux. Plus de 150 personnes se sont arrêtées pour donner leur avis sur quatre idées : le Revenu Minimum Social Garanti, qui a remporté les suffrages, la piétonnisation des quartiers par un système de super-blocks, qui suivait de très près, la création de deux forêts urbaines et d’un Conseil municipal de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort.

Les résultats de cette votation ont été annoncés lors du dernier grand événement de notre campagne avant le premier tour : un Meeting – Concert qui s’est déroulé à l’école Jean Jaurès mardi 10 mars. Encore une première à Puteaux : nous avons souhaité mêler la politique à la convivialité et la culture, en découpant la soirée en un temps de débats de fond et un temps de concert de jazz. Près de cent Putéolien·ne·s sont venu·e·s assister aux échanges, ce qui a fait de cette soirée la plus grande réunion publique d’une liste d’opposition de la campagne !

Quelques jours avant cette soirée, une de nos actions faisait encore parler d’elle dans les médias. A l’occasion de la journée international des droits des femmes, le dimanche 8 mars, nous avons en effet choisi de rendre hommage aux femmes de l’Histoire, à qui les villes de France ne dédient que 2% de leurs noms de rues. Nous avons donc apposé de fausses plaques dans les rues de Puteaux, puis, en une chorale improvisée, nous avons entonné l’hymne des femmes (ou hymne du MLF). Moment émouvant, puisque plusieurs passantes ont repris le refrain en choeur avec nous, parfois en larmes !

Continuons l’histoire !

Il y aurait évidemment bien d’autres instants à raconter sur ces derniers mois. Une campagne municipale est en effet riche de centaines d’anecdotes, d’actions et de réflexions par milliers. A quelques heures de la fin de campagne officielle pour le second tour, je retiens surtout le plaisir que j’ai eu à faire cette première partie de campagne avec une équipe talentueuse et bienveillante.

Merci également à vous tou·te·s pour votre accueil et vos encouragements, dans les rues de Puteaux, sur les marchés, en porte-à-porte… C’est aussi cela qui nous permet de poursuivre chaque jour le combat face à la famille régnante !

Désormais, c’est à vous d’aller voter pour choisir qui sera présent au second tour de l’élection municipale. Notre équipe est d’ores et déjà prête pour cette dernière ligne droite !

Francis Poézévara 2015 - Tous droits réservés