Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

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Brexit : et maintenant, quitte ou double

C’est désormais officiel, le Royaume-Uni va entamer une procédure de sortie de l’Union Européenne. Le résultat final est sans appel, l’écart entre le Brexit et le Bremain étant de presque quatre points.

Résultat Brexit

Source : Bloomberg

Brexit : une décision regrettable mais pas surprenante

Dans l’absolu, on ne peut que regretter ce Brexit. Il s’agit d’un nouveau constat d’échec du projet européen. Par ailleurs, ses conséquences à court terme risquent d’être pénibles : les économies britannique et européenne vont être chahutées, risquant en particulier de mettre à mal la timide reprise esquissée ces derniers mois en France.

Mais il est difficile de dire que ce résultat est surprenant. Le Royaume-Uni n’a jamais souhaité s’intégrer à l’Union Européenne, hormis du point de vue marché unique. Ses responsables n’ont cessé de freiner des quatre fers devant toute progression de l’intégration européenne, laissant entendre aux Britanniques que le principe même d’UE politique était un fardeau. Cette situation a abouti à la position très particulière du Royaume-Uni, bénéficiant d’une adhésion à l’UE “à la carte”. Sans compter sa non-adhésion à la zone Euro.

La menace populiste d’extrême droite

Le Brexit est donc relativement logique. Quelles vont être les conséquences ? Pour l’Europe et pour la France, c’est à quitte ou double. Dans un premier temps, les populistes, nationalistes, extrémistes vont s’en donner à coeur joie pour essayer de dynamiter la construction européenne. Déjà, on les entend réclamer des référendums pour des “Frexit” (Le Pen), des “Nexit” (Wilders, Pays-Bas), etc. Le danger est important, nous devons en avoir conscience et ne pas laisser ces irresponsables néo-fascisants occuper le devant de la scène. Nous devons donc reprendre la main.

Pour une nouvelle union, intégrée, autour de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne

Reprendre la main, cela passe tout d’abord par prendre acte de l’échec de l’Union Européenne telle qu’elle a été construite. L’Europe de la finance a échoué, parce qu’elle n’est jamais devenue une Europe des peuples.

Reprendre la main, cela passe aussi, avant tout, par la réaffirmation de l’idéal européen d’origine. Nous devons reconstruire une autre Union Européenne. Une UE véritablement intégrée, une UE démocratique, une UE qui préfigure les Etats-Unis d’Europe.

Cette construction doit avoir lieu dans un premier temps autour de quatre pays : la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. L’avenir de l’Europe est donc entre les mains de quatre dirigeants : Hollande, Merkel, Renzi, Rajoy. La tâche est donc particulièrement difficile, puisque chacun de ces dirigeants remettra son mandat en jeu sous un an (Rajoy n’étant déjà plus majoritaire au parlement espagnol, et Renzi ayant prévu un référendum à l’automne qui pourrait provoquer sa chute).

Et pourtant, ils doivent dès à présent prendre leurs responsabilités, et assumer leur rôle dans l’Histoire. C’est l’urgence absolue, et elle doit prendre le pas sur toutes les réformes actuellement engagées dans les quatre pays. Tout simplement parce que de cette construction européenne dépend tout le reste, les réformes économiques, la politique d’immigration, sociale, etc.

François Hollande doit agir en leader européen

En France, François Hollande n’est pas particulièrement en position de force (et c’est un euphémisme) pour s’engager dans un tel combat. Et pourtant, je suis convaincu qu’il peut encore le faire ; cela sauverait d’ailleurs peut-être le quinquennat. Concrètement, cela signifie abandonner la loi Travail, qui prend tant d’énergie au gouvernement et aux Français pour peu de choses. Cela signifie également remaniement ministériel pour mettre en place un gouvernement de combat tourné tout entier vers ce même objectif d’ “Union Européenne 2.0”. Le sacrifice du Premier Ministre me semble important afin de regagner quelques points favorables d’opinion et asseoir la légitimité du nouveau gouvernement. François Hollande ne doit pas hésiter à dépeindre ce moment, ce choix, comme historique : c’est bien un important chapitre de l’Histoire que nous sommes en train de vivre, et nous devons en prendre la mesure.

Le temps européen est compté. Le surplace, pratiqué depuis longtemps dans l’UE, n’est plus envisageable ; soit nous sommes capables de faire un nouveau pas en avant, soit il s’agira d’un saut en arrière, populiste, extrêmement dangereux. A François Hollande, à Angela Merkel, à Matteo Renzi de jouer. Et aux députés espagnols de se mettre d’accord sur le nom de celui qui engager leur pays sur cette voie.

Elections 2009 : Le Parlement européen, c’est quoi ?

Le siège du Parlement européen à Strasbourg

Le siège du Parlement européen à Strasbourg

Comme les Français l’apprennent peu à peu, le 07 juin prochain aura lieu l’unique tour des élections européennes. Avant de commencer à parler programmes politiques, même si j’ai déjà abordé les raisons qui font que le vote PS est le seul vote qui servira à changer l’Europe, je vais présenter rapidement ce pour quoi les électeurs sont appelés à se déplacer.

Commençons par le commencement : le 07 juin prochain, les citoyens des 27 Etats membres de l’UE vont élire leurs représentants au Parlement européen. Mais ce Parlement européen, c’est quoi ?

Sa composition

Le Parlement est constitué de 785 députés (750 à terme), qui représentent les 492 millions d’électeurs des 27 Etats. C’est le seul organe parlementaire de l’Union Européenne, et il est donc capital pour les citoyens européens de s’exprimer lors de cette élection. Son siège officiel est situé à Strasbourg.

Son rôle

Il possède le pouvoir législatif, conjointement au Conseil de l’UE et la Commission européenne. On a le fonctionnement suivant : la Commission européenne propose des lois (éventuellement sur demande du Parlement), ces lois sont ensuite examinées par le Parlement et le Conseil. Grossièrement, le Parlement et le Conseil correspondent à l’Assemblée Nationale et au Sénat en France (vu de très loin). On parle de processus de codécision.

L'hémicycle du Parlement européen

L'hémicycle du Parlement européen

Il a également un rôle budgétaire : il peut adopter ou refuser la partie Dépenses du budget. C’est un rôle important : ainsi, en 1999, le rejet du budget par le Parlement européen a conduit à la démission de la Commission européenne.

C’est également lui qui élit le Président de la Commission européenne, sur proposition du Conseil européen. Par ailleurs, il peut démettre la Commission européenne, à travers le vote d’une motion de censure par 2/3 des députés.

Le Parlement européen a donc un rôle important, même s’il l’est moins que celui de la Commission européenne (qui a l’initiative des lois) ou le Conseil européen.

Traditionnellement de droite

Depuis les premières élections en 1979, le Parlement européen est de droite. Le résultat ne s’est pas fait attendre, avec des directives comme la directive Bolkestein (renommée depuis en directive services) par exemple, libérale à souhait. La majorité PPE/ADLE (UMP/MoDem) a depuis toujours appliqué un programme néolibéral, qui a conduit les Français à penser que l’Europe, c’était le libéralisme, c’était les lobbyes, c’était le démantèlement des services publics, etc. Pour changer cela, il n’y a qu’une seule solution : voter pour le Parti Socialiste Européen, représenté en France par le PS.

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