Il est des sujets politiques plus difficiles que d’autres. Le cumul des mandats en est un. Demander aux parlementaires d’interdire le cumul des mandats, c’est leur demander de travailler moins mais mieux, tout en gagnant moins. Facile à prôner lorsqu’on n’est pas directement concerné, cela devient plus compliqué lorsqu’on est élu.

Illustration d’actualité : j’ai voté il y a trois ans, comme une grande majorité de socialistes, pour la fin du cumul des mandats. Celui-ci devait être mis en place par les élus PS après les sénatoriales de 2011. Résultat, en 2011, la mesure est repoussée. “On verra après les législatives“. Soit. Les législatives sont désormais passées, et, vue la nette victoire de notre parti, de nombreux élus se retrouvent en situation de cumul de mandats. Attention, je parle là de cumul des mandats autorisé par la loi, qui encadre déjà (a minima) les pratiques.

Et voilà que nos élus rechignent une nouvelle fois à lâcher leur mandat local. Leurs arguments sont logiques : “nous sommes pour le non-cumul, mais généralisé ; pourquoi nous imposerions-nous cela à nous-même, nous handicapant de fait par rapport à l’UMP”.

Non au cumul des mandats

Logiques, mais insupportables. Pourquoi le faire alors que l’UMP ne le fait pas ? La réponse est dans la question. Le Parti Socialiste n’est pas l’UMP. Nous sommes le parti du progrès démocratique. Les votes des militants et l’application de la proportionnelle dans les instances dirigeantes, c’est le PS. Les primaires ouvertes, c’est le PS. La parité, c’est (notamment) le PS. De fait, le non-cumul, ce doit être le PS.

Certes, le fait de faire voter une loi en ce sens, comme c’est prévu, est déjà louable. Mais nous devons aller plus loin. Nous devons montrer l’exemple.

D’autant que, hormis cette raison “morale”, les arguments invoqués ne tiennent pas la route. Appliquer le non-cumul des mandats sans que la loi ni la constitution ne l’exige n’est pas un handicap. Pour une question d’image, tout d’abord. De même qu’être le premier parti à avoir des parlementaires “issus des minorités visibles” (expression certifiée politiquement correcte), avoir des élus non-cumulards illustrera concrètement les valeurs que nous portons théoriquement.

Par ailleurs, ce “handicap” électoral ne peut avoir de justification qu’en période… électorale évidemment. Or les prochaines élections sont prévues en 2014. En abandonnant dès à présent leur poste de maire (par exemple), les cumulards laissent tout le temps à leur remplaçant d’acquérir une notoriété locale avant les prochaines élections. D’un point de vue strictuement politique, il n’y a donc pas de meilleur moment pour renoncer à un mandat local. 

Incontournable sur le plan politique et moral, le non-cumul n’est nocif que sur le plan financier pour les cumulards. Vous comprendrez que cet argument n’est pas acceptable, surtout dans une période de crise de confiance envers le politique.

Messieurs les parlementaires, Messieurs les ministres : soyez fidèles à vos engagements, soyez fidèle à la ligne du PS, au vote de ses militants. Mettez fin à vos cumuls, maintenant !

Post-Scriptum : Evidemment, il convient de nuancer. Certes il serait décevant que cet engagement ne soit pas respecté. Mais il est encore plus révoltant que beaucoup de politiques soient encore fervents défenseurs du cumul (tout l’UMP, et François Rebsamen/Gérard Collomb par exemple). A ceux qui auraient encore un doute sur cette aberration démocratique, je conseille la lecture des nombreux articles fleurissant sur le web actuellement. Mes derniers préférés en date : l’excellent Cumul Info Service et le billet de Pascal Jan.