Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : clientélisme

Résultats de l’élection municipale 2020 à Puteaux

Alors que l’actualité post-électorale a été bouleversée par la pandémie de SARS-CoV-2, je prends quelques minutes de mon temps confiné pour revenir en détail sur les résultats de l’élection municipale de 2020 à Puteaux.

Résultats municipales 2020 Puteaux

Un résultat dans la lignée de 2014

A la lecture des résultats définitifs, la première constatation est qu’ils constituent tout sauf une surprise : il s’agit à quelques détails près des résultats de 2014, auxquels il faut enlever les scores des listes FN et Ceccaldi-père, bien entendu.

Joëlle Ceccaldi-Raynaud est ainsi largement réélue dès le premier tour, améliorant même ses scores de 2014 (56%) et de 2015 (61%). Derrière, la liste LREM héritière de la liste divers droite “Puteaux en Mouvement” de 2014 fait toujours entre 10% et 20%, de même que l’attelage EELV / MoDem qui repartait cette année sans l’étiquette officielle du parti de François Bayrou mais avec sa section locale. Derrière, la liste de gauche, que je menais, ne parvient toujours pas à dépasser les 10%, se rapprochant même de la barre fatidique des 5%.

Peu de surprises à l’annonce du résultat, donc. Mais le diable réside toujours dans les détails, et nous pouvons tirer quelques autres enseignements de ces résultats.

Pour les comparaisons entre 2014 et 2020, se reporter à la notice en fin d’article*.

1 – Un clientélisme plus fort que le coronavirus

Nous le craignions quelques jours avant le scrutin : l’abstention massive liée à la peur de l’épidémie a largement favorisé Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Une observation que l’on retrouve sur le graphique ci-dessous. Celui-ci représente, en ordonnées, le score de J. Ceccaldi, et en abscisses le taux de participation, le tout bureau de vote par bureau de vote.

Comme vous le voyez, la participation est largement plus forte dans les bureaux les plus favorables à la Maire sortante que dans ceux qui lui sont plus défavorables. C’est ce que j’ai représenté par la droite en rouge. C’est bien l’une des forces du système Ceccaldi : celui d’aller chercher ses électeur·trice·s pour les faire voter. Alors que l’électorat de l’opposition est plus touché par les fluctuations de participation, ce qui a un impact encore plus grand cette année.

2 – Des logements sociaux “ceccaldisés” à outrance

Nous en faisons régulièrement le constat : à Puteaux, le parc de logement social est la première des “mines d’or” électorales sur lesquelles repose la famille Ceccaldi. Sur le graphique ci-dessous, représentant le score de J. Ceccaldi-Raynaud par bureau de vote, j’ai indiqué en rouge ceux correspondant aux grandes résidences HLM de Puteaux.

Le résultat est incroyable (pour qui ne connaît pas Puteaux) : 11 des 12 meilleurs résultats de Joëlle Ceccaldi-Raynaud correspondent aux grandes résidences HLM de Puteaux. Résidences qui votent donc pour la Maire sortante entre 70% et 80% ! Des bureaux qui, pourtant, sur les élections nationales, votent plutôt à gauche ou Front National. Et des habitant·e·s qui ont pourtant beaucoup de reproches à faire à la mairie lorsqu’on les interroge en porte-à-porte.

3 – Une opposition dans le dur

Au-delà des résultats de J. Ceccaldi, dont nous avons maintenant l’habitude, je vais m’attarder sur l’opposition. Le premier constat, que je fais très humblement, est que l’opposition est à nouveau électoralement inexistante à Puteaux. Si Joëlle Ceccaldi perd 1000 voix entre 2014 et 2020, en raison de l’abstention, l’opposition en perd pour sa part plus de 2000, alors qu’elle en possédait moins initialement. Le résultat est donc là, amer : aucune de nos trois listes n’a dépassé les 15%.

Ironiquement, Facebook me rappelait il y a quelques jours le constat que je faisais au lendement de l’élection de 2014. Constat qui est toujours d’actualité, peut-être même plus qu’alors :

4 – La force des étiquettes

En rentrant dans le détail des résultats de l’opposition, un constat contre-intuitif s’impose. Alors que le monde politique est chambardé depuis 2017, et à l’heure où tout le monde proclame le “nouveau monde”, le schéma ancien perdure, peut-être même plus fort que jamais. Ainsi, le principal facteur de décision des électeur·trice·s est toujours l’étiquette des partis politiques, étiquettes qui sont pourtant si décriées.

Ainsi, la liste LREM, qui a mené une campagne très dynamique, sans doute d’ailleurs, je le reconnais, la meilleure campagne de ces élections, ne parvient qu’à rassembler 15% des suffrages. Si ce score représente une amélioration par rapport au score de Puteaux en Mouvement en 2014 (qui faisait alors moins de 14%), et permet à En Marche d’arriver deuxième, il est bien en deçà de ce que permettaient d’envisager les derniers résultats nationaux. De mon point de vue, cette liste a pâti de la défiance (le mot est faible) actuelle envers le gouvernement, et du caractère repoussoir de son étiquette.

Derrière, la liste EELV / MoDem, même si elle réalise un moins bon résultat qu’en 2014 (13,3% contre 15,6% à l’époque), est portée par la dynamique nationale pour EELV. La comparaison entre les deux campagnes, à 6 ans d’écart, est éclairante : en 2014, la liste Puteaux Pour Vous avait fait une campagne très dynamique, et elle était portée par un acteur reconnu ayant une très forte notoriété locale, Christophe Grébert. En 2020, à l’inverse, elle était portée par un nouvel arrivant, et n’a presque pas fait campagne (constituée in extremis fin février, avec un programme paru quelques jours avant l’élection). Mais en plaçant intelligemment le logo EELV sur les affiches et les bulletins de vote, la casse est limitée à 2,3 points.

Enfin, la liste du Printemps Putéolien, que j’ai conduite, a été la seule à refuser de s’enfermer derrière une étiquette, adoptant un logo fédérateur plutôt qu’une logique partisane. Et ce alors que nous étions soutenus par des partis aussi importants que le Parti Socialiste ou La France Insoumise. Grosse erreur stratégique dont nous avons pris conscience durant les derniers jours de campagne ! Les logos ont encore de beaux jours devant eux, et nous aurions dû accepter cette règle qui nous semblait archaïque. Avec un résultat de 6,7%, nous perdons 2 points par rapport à 2014.

5 – L’ancrage local : une force d’appoint

Le débat agite depuis longtemps les experts de science électorale : quelle est le poids de l’étiquette et quel est celui de l’ancrage local dans une campagne municipale ? D’après le constat 4, nous avons vu que l’étiquette pesait très lourd. Quant à l’ancrage local, son importance est mesurée mais non négligeable.

Un moyen de vérifier cette affirmation consiste à étudier plus précisément les résultats de ma liste, le Printemps Putéolien, bureau de vote par bureau de vote, et de regarder les résultats dans les bureaux où elle possède un ancrage fort (personnalité active et reconnue).

Dans le graphique ci-dessous, en rouge le résultat de la liste de gauche en 2014, et en bleu celui de 2020 :

On le voit, les scores sont globalement moins bons partout (malheureusement !), sauf à quatre endroits :

  • Bureau 21, qui est mon bureau de vote ainsi que celui de mon numéro 3, Laurent Giblot, et de Nadine Jeanne, élue sortante,
  • Bureau 22, qui fait partie de la même résidence,
  • Bureau 2, qui est celui de ma numéro 2, Anna Fryde,
  • Bureau 14, qui est celui de plusieurs personnes de ma liste, et notamment d’Evelyne Hardy, élue sortante.

Sur ces bureaux, nous réalisons un score moyen de quatre points supérieur à celui du reste de la ville (ce qui fait beaucoup, vu que le résultat global n’est pas haut !).

Si l’on fait le même travail pour la liste Ensemble pour Puteaux (LREM), on voit que le bureau de la tête de liste (Emmanuel Canto) – bureau 14 – a un score significativement plus élevés que le reste de la ville :

Je ne connais malheureusement pas assez les personnes de son équipe pour pouvoir détailler plus, mais je suppose qu’il se trouve parmi eux des personnalités reconnues dans les bureaux 15, 25 et 33, qui enregistrent de fortes progressions et un bon score. Le bureau de sa numéro 2, le bureau 4, a quant à lui un résultat en augmentation modérée.

En ce qui concerne la troisième liste d’opposition, EELV / MoDem, elle présente la particularité, comme je le disais précédemment, de ne pas jouer sur l’ancrage local, mais de miser sur l’étiquette. Ce qui est vérifié par le graphique suivant :

On voit ainsi que ni le bureau 20 de la tête de liste (Vincent Dubail), ni celui de sa numéro 2 (le 30), ni de son numéro 3 (le 11) ne sont particulièrement en augmentation.

6 – Perspectives

Ces constats sont intéressants, d’une part par curiosité intellectuelle, mais également parce qu’ils permettent de tracer des perspectives électorales à Puteaux. Comme j’aime à le répéter, l’alternance à Puteaux ne peut avoir lieu qu’avec un alignement des planètes. Au vu des constats précédents, ces planètes sont :

  • Un affaiblissement de la machine électorale – clientéliste de la famille Ceccaldi (par exemple avec le retrait de Joëlle Ceccaldi-Raynaud),
  • Une conjoncture nationale, et son jeu de vases communicants pour les étiquettes, favorable (par exemple sous une majorité nationale LR),
  • Un fort ancrage local de l’opposition.

Si nous n’avons pas de prise sur les deux premiers axes, il nous appartient, à nous tou·te·s qui nous réclamons de l’opposition, élu·e·s ou non, de travailler au troisième. Cela passe par du travail, en assistant au Conseil municipal de manière régulière d’une part (la base, mais qui n’a pas été assurée par tou·te·s lors du mandat qui s’achève), mais aussi en s’engageant au-delà du Conseil aux côtés des citoyen·ne·s, notamment dans la vie associative de la ville (même remarque).

La marge de progression est grande, mais nous pouvons travailler dès à présent, et sur le long terme, à la rétrécir. Je le souhaite, pour les Putéolien·ne·s et pour notre ville.

* Note méthodologique : les bureaux de vote ayant été modifiés entre 2014 et 2020, avec notamment la création d’un nouveau bureau au Palais de la culture et avec le redécoupage des bureaux existants, les résultats passés sont inexacts, calculés de manière approchée d’après le nouveau redécoupage.

Rentrée à Puteaux, vive les cadeaux !

Après deux mois de vacances, les enfants putéoliens faisaient leur rentrée hier. Comme beaucoup d’autres parents, j’ai vécu pour ma part ma première rentrée en tant que papa. Il s’agissait évidemment d’un moment personnel fort, pour ma fille comme pour moi ; politiquement, néanmoins, c’est plutôt la journée de samedi qui m’a marqué !

Deux jours avant cette rentrée, en effet, j’ai été invité, comme les milliers de parents d’élèves putéoliens, à la traditionnelle grande distribution des cartables.

Rentrée : distribution des cartables à Puteaux

Distribution des cartables pour les maternelles de Puteaux

A-t-on le droit, en tant que parent, de ne pas soutenir cette grande distribution ? Je le prends, ce droit, et je vous explique pourquoi.

1. Parce que je crois en la compétence de nos enseignants.

Je ne pense pas que Mme Ceccaldi-Raynaud, et encore moins M. Franchi (!), soient à même de définir la liste des fournitures nécessaires à telle ou telle classe. Je pense que c’est à l’enseignant de la définir, en fonction de ses méthodes de travail. Offrir les mêmes fournitures à tous les élèves de toutes les écoles est un non-sens. Une dotation à chaque école permettant de mieux cibler les besoins serait largement bénéfique.

2. Parce que l’objectif de la cérémonie est de clientéliser un électorat.

Il serait intéressant que les fournitures soient distribués aux enfants dans les écoles, à leur arrivée, par leur enseignant. Celui-ci pourrait ainsi leur expliquer ce qui en sera fait durant l’année, et les écoliers auraient ainsi une bonne surprise en arrivant le jour de la rentrée. Pourquoi n’est-ce pas fait ainsi ? Parce que le cadeau n’est pas réellement pour l’enfant. Il s’agit de toucher en priorité les parents, en leur montrant à quel point la ville est “généreuse” et à quel point la Maire “fait bien son travail”. Il faut donc en faire une grosse cérémonie.

Cadeaux de rentrée pour les maternelles à Puteaux

Contenu du cartable offert aux Putéoliens dont les enfants entrent en maternelle.

3. Parce qu’il ne s’agit pas de cadeaux : il s’agit d’achats réalisés avec nos impôts.

Chaque année, une partie des impôts payés par les Putéoliens est allouée directement à ces achats de “cadeaux”. Ce n’est donc pas la mairie qui offre les sacs, feutres, tubes de colle, mais les parents. Et quitte à offrir quelque chose à ma fille pour son année scolaire, je préfèrerais pouvoir le choisir moi-même. Que mes impôts soient plutôt versés aux écoles, investis dans leur rénovation, ou dirigés vers les familles les plus démunies pour subventionner l’achat de toutes les fournitures pour leurs enfants !

4. Parce que rose pour les filles, bleu pour les garçons…

Les goûts et les couleurs. Mais pourquoi ne pas varier un peu ? Laisser le choix à l’enfant ? Plutôt que l’enfermer dès son plus jeune âge dans un conformisme sexiste absolu ?

Cartables roses Puteaux

Vous avez dit cliché ?

En conclusion, je suis allé, comme de très nombreux Putéoliens, chercher les fournitures de ma fille à la Mairie ce samedi 2 septembre. Si ces cadeaux, des feutres, des crayons de couleur, de la peinture, avaient été offerts par des grands-parents, cela aurait été parfait. Mais offerts par une municipalité, qui est censée mener une politique globale de moyen et long terme, porter une vision, c’est tout à fait inapproprié.

Je vous souhaite à toutes et à tous, enfant et parents, une très bonne première semaine de rentrée !

HLM de Puteaux : pourquoi la situation est grave

Depuis le début de la semaine, l’office public de l’habitat (OPH) gérant les HLM à Puteaux est sous le feu des projecteurs. Le Parisien, 20 minutes ou encore Le Figaro reviennent sur le rapport de l’ANCOLS (l’agence nationale de contrôle du logement social) dont des extraits ont été publiés sur le blog Monputeaux.com.

Que dit ce rapport ? Son constat est sans appel. Voici un extrait de sa conclusion :

Rapport OPH HLM Puteaux

Nous dénonçons le fonctionnement de l’OPH depuis plusieurs années. L’opacité du système d’attribution est bien connue, aussi bien à Puteaux qu’à l’extérieur de la ville. Il a participé à la réputation de système clientéliste extrême que subit Puteaux, souvent à raison. En quoi ce rapport est-il si important, si les faits étaient connus ou suspectés ?

1- Parce qu’il s’agit du résultat d’un contrôle officiel

Faire de la politique, et plus encore appartenir à l’opposition, implique une suspicion – naturelle et salutaire – des citoyens face au discours que l’on porte. Lorsque des opposants dénoncent la gestion de la municipalité en place, comment être sûr qu’ils défendent l’intérêt général, et ne préparent pas simplement leur future campagne électorale ?

Le rapport de l’ANCOLS nous permet de prouver, de manière objective et impartiale, que la situation que nous dénonçons depuis des années est réelle et condamnableL’ANCOLS est en effet une agence nationale que l’on ne peut soupçonner de partisannerie. Après le rapport accablant de la Cour Régionale des Comptes en 2011, il s’agit d’un nouvel exemple objectif de la gestion calamiteuse de la ville par Mme Ceccaldi-Raynaud, qui n’est sauvée que par la richesse hors norme que Puteaux tire du quartier de La Défense.

2- Parce que le principe même d’égalité républicaine est bafoué

J’évoquai encore le sujet lors du Conseil municipal de mars : les procédures d’attribution des HLM, des places en crèche, etc., sont à Puteaux d’une opacité redoutable. C’est pourquoi nous proposons régulièrement à Mme la maire de définir des critères objectifs et publics pour ces attributions, proposition systématiquement rejetée.

Le rapport de l’ANCOLS nous donne la principale raison de ce rejet : ce système permet de mettre en place des passe-droits. Par exemple, certaines personnes reçoivent un logement à peine une semaine après le dépôt de leur demande, et ce alors qu’aucun caractère d’urgence n’est identifié. A côté, des familles attendent depuis plusieurs années d’en recevoir, sans avoir aucun retour sur leur place dans la liste d’attente (et pour cause), ni sur leur chance réelle d’obtenir un logement social.

Résidence des Bergères - Puteaux

La résidence HLM des Bergères lors du chantier de 2013, qui avait été fait dans le mépris des habitants.

3- Parce que les locataires des HLM sont les premières victimes

Une des conséquences de ce système clientéliste et de passe-droits est qu’il entretient une fracture entre les locataires des HLM, perçus comme des “clients” de la mairie, et le reste de la population, qui voudrait “mettre les locataires dehors”.

Pourtant, les victimes de ce système ne sont pas situées que du côté des demandeurs d’un logement social. Les locataires des HLM, eux aussi, subissent l’incompétence de la présidente de l’OPH.

Non seulement les charges qui leur sont réclamées sont aberrantes, les provisions couvrant parfois jusqu’à 200% des charges réelles, mais les remboursements de charges qui leur sont dus n’arrivent parfois jamais (ou avec plusieurs années de retard). Ainsi, en 2010, c’est plus d’un million d’euros que l’OPH n’a pas rendu aux locataires !

4- Parce que tous ces faits auraient pu être évités

Dans un Conseil municipal qui fonctionne correctement, la majorité et l’opposition peuvent travailler ensemble, en bonne intelligence, sur les sujets importants d’intérêt général. Après tout, certaines bonnes idées ne sont pas partisanes, et le bon sens permet d’améliorer le quotidien des habitants.

A Puteaux, rien de tout cela. Alors que l’opposition vote pour les délibérations qui vont dans le bon sens (à chaque conseil municipal, nous votons pour environ la moitié des délibérations), la majorité, elle, fait de … l’opposition systématique à toute proposition de notre groupe !

Publier la liste des critères permettant de prioriser les demandes de HLM ou communiquer aux demandeurs leur place sur la liste d’attente ne devrait pourtant pas poser de problème : hormis un souhait de transparence, il n’est pas question d’idéologie derrière ces propositions.

Un exemple plus frappant encore concerne la construction du parking de la résidence Lorilleux. Lorsqu’elle avait été annoncée, nous étions intervenus en Conseil municipal pour indiquer que l’idée était bonne, mais les modalités de réalisation mauvaises. Résultat, deux ans après, l’OPH tentait de revendre le parking devenu encombrant à la Mairie, en accusant plus de 7 millions d’euros de pertes, soit 75% du prix de construction !

Il serait souhaitable qu’en 2016, enfin, Mme Ceccaldi et son équipe acceptent de mettre leur orgueil de côté, et d’écouter réellement les propositions de l’opposition.

Logement insalubre rue Collin Puteaux

Un logement insalubre en plein cœur de Puteaux, rue Collin

Et maintenant, quoi ?

La Mairie de Puteaux peut répondre à ce rapport jusqu’au mois de juillet, date à laquelle le rapport définitif sera publié. La ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, parle d’ores et déjà de manquements graves et de sanctions.

Devant la gravité des faits soulignés, considérant le rôle primordial des logements sociaux dans la politique de solidarité locale, au vu du caractère d’urgence des problèmes de logements à Puteaux (comme en atteste l’actualité sur les logements insalubres), je souhaite pour ma part que l’OPH soit dès à présent mis sous tutelle comme cela a pu être le cas dans d’autres communes françaises, et ce a minima jusqu’au transfert de l’OPH au territoire POLD prévu en 2018. J’appelle par ailleurs Mme Ceccaldi-Raynaud à démissionner au plus tôt de la présidence de l’OPH, et à proposer un nouveau candidat (autre que son fils évidemment !). Enfin, afin de lutter contre les tentations clientélistes, je souhaite que les charges de Maire et de Président d’OPH soient désormais jugées incompatibles par la loi. Je me rapprocherai des parlementaires pour faire cette proposition.

JC Fromantin dévoie le principe de la réserve parlementaire

La réserve parlementaire est un ensemble de subventions payées par l’Etat, dont les bénéficiaires sont choisis par les députés et sénateurs. En 2015, les subventions attribuées par les députés ont été d’un peu plus de 80 millions d’euros. L’objectif de ces subventions est d’aider des acteurs locaux, associations ou collectivités, sur des projets précis.

Depuis 2013, l’utilisation de cette réserve parlementaire est publique. Ainsi, chacun peut consulter sur le site de l’Assemblée Nationale dédié à la réserve parlementaire la liste des subventions décidées par chaque député. C’est ce qu’a fait l’association Citoyens en action à Puteaux dans un dossier que je vous conseille d’aller consulter sur leur site.

Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin, député de Neuilly – Puteaux – Courbevoie

Disons le tout net : les subventions attribuées par Jean-Christophe Fromantin sont choquantes. Même si l’on pouvait s’y attendre de la part de quelqu’un dont nous connaissons les positions ultra-conservatrices et droitières, qui ont abouti à sa mise au ban de l’UDI en fin d’année dernière.

En 2014, le député de notre circonscription, qui regroupe Neuilly-sur-Seine, Puteaux et une partie de Courbevoie, avait choisi quatorze associations sportives, auxquelles il avait attribué entre 5 000€ et 15 000€. Le principe est bon : cela permet de faire vivre la diversité des clubs sportifs, qui participe au dynamisme de nos villes. L’histoire se complique lorsque l’on s’intéresse à la localisation des associations sportives en question : toutes, sans exception, sont neuilléennes !

Le député-maire de Neuilly choisit donc d’accorder de l’argent à des associations de sa ville uniquement. Les Putéoliens et Courbevoisiens qui représentent la moitié de la population de la circonscription apprécieront. Détourner ainsi des sommes qui devraient alimenter le tissu associatif de trois communes vers celle dont il est maire a un nom, que nous connaissons fort bien à Puteaux : il s’agit du plus pur clientélisme.

Réserve parlementaire de JC Fromantin - 2015

Source : www.citoyensputeaux.fr

En 2015, changement de pied de notre député : finies les subventions aux associations sportives. Cela pose un problème de pérennité des associations ; néanmoins, on peut imaginer que la subvention a été reprise l’an dernier par la mairie de Neuilly directement. Où est donc parti l’argent en 2015 ? Les trois quarts sont allés directement dans la poche de… la commune de Neuilly-sur-Seine, et le reste à des associations religieuses !

Neuilly-sur-Seine est-elle donc tellement dans le rouge qu’elle ait besoin de 99 000€ de subvention du député ? Le maire fait-il si mal son travail pour qu’il ait besoin de s’auto-attribuer près de 100 000€ de budget supplémentaire ? Cette subvention est absurde : la somme est négligeable par rapport au budget de la ville de Neuilly, mais elle est particulièrement importante pour une association dont le fonctionnement est conditionné par les cotisations et aides financières ! Sans compter le fait que les Putéoliens et Courbevoisiens sont mis à l’écart de manière encore plus flagrante.

Pour les 35 000€ restants, JC Fromantin fait donc absolument fi de toute laïcité. Il y a deux manières d’entendre ce terme. La première serait de ne subventionner aucune association religieuse. La seconde serait de subventionner de manière équitable toutes les associations religieuses de la circonscription. Las ! Notre député fait une croix sur l’une comme sur l’autre. 29 000€ sont donc attribués à des associations chrétiennes (qui constituent la première base de soutien électoral de Jean-Christophe Fromantin), contre 6 000€ à une association juive, et… 0 aux autres religions. Pourtant, on connaît les difficultés financières rencontrées par les associations musulmanes, sur Puteaux notamment.

Heureusement, tous les députés n’agissent pas de la même manière. Il suffit de regarder l’utilisation de cette réserve par Alexis Bachelay (député PS de Colombes / Gennevilliers / Villeneuve-la-Garenne) ou Sébastien Pietrasanta (député PS d’Asnières / Colombes) : plus de subventions d’un montant inférieur (limitant ainsi l’effet de dépendance qui induit le clientélisme), à des associations à vocation culturelles, sociales, sportives.

Entre les pratiques de sa maire et celles de son député, Puteaux est décidément bien servie au niveau politique.

Francis Poézévara 2015 - Tous droits réservés