Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : Développement durable

Développement durable à Puteaux : 2 ans de greenwashing et de poudre aux yeux

Lors du Conseil municipal du 1er avril 2021, la mairie de Puteaux nous a présenté son bilan des actions développement durable 2018-2020 de la ville. Le dossier est épais ; malheureusement, son contenu s’avère vite très vide !

Retrouvez mon intervention sur le sujet en vidéo :

Pour consulter le bilan lui-même :

RAPPORT_DEVELOPPEMENT_DURABLE 2020

L’écologie à la sauce Puteaux

Petite pause entre deux articles sur les conseils municipaux de début de mandat pour parler de l’écologie telle qu’elle est vue par la mairie de Puteaux, à travers une anecdote très révélatrice.

J’ai eu l’occasion de l’évoquer à plusieurs reprises : la politique de la ville de Puteaux est l’essence même de l’anti-écologie. Le constat est simple : Puteaux a de l’argent, donc la ville peut acheter, “consommer”, sans se soucier d’être durable.

Vous connaissez sans doute les innombrables “arbres en pot” de la ville. C’est une spécificité Putéolienne : de nombreux arbres de la ville, plutôt qu’être plantés en pleine terre, sont disposés dans de grands pots ornementaux, avec un gros logo de la ville.

Evidemment, les arbres ne sont pas faits pour vivre en pot. Résultat, régulièrement, les arbres de la ville meurent. C’est ce qui est arrivé il y a quelques semaines à côté de la place du théâtre : toute une rangée d’arbres en pot a été rasée. Photo prise le 9 juin 2020 :

Qu’à cela ne tienne : Puteaux a les moyens de les remplacer ! Aussitôt dit, aussitôt fait, de nouveaux arbres remplacent les anciens. Photo prise les 24 juin 2020 :

Je le dénonce régulièrement en Conseil municipal depuis 2014 : à Puteaux, parce qu’on a l’argent et qu’on peut consommer, on consomme. Peu importe que cela n’ait aucun sens écologique, que l’on s’essuie les pieds sur le développement durable : il faut consommer. C’est par exemple pour cela qu’il y a un an et demi, la ville de Puteaux distribuait des bâtons de LED et de polystyrène à tous ses habitants pour l’inauguration de ses illuminations de Noël. Ou qu’en janvier, elle envoyait aux habitant·e·s 80 000 piles boutons pour allumer… des cartes de voeux.

Autre exemple récent : la récupération par la Mairie de Puteaux du happening du Printemps Putéolien réalisé au mois de mars dernier. Pour dénoncer la bitumisation de Puteaux, nous avions reverdi des places de parking du centre-ville de Puteaux, avec du gazon en rouleau.

Une idée qui a visiblement inspiré la mairie de Puteaux, qui a voulu faire pareil sur le pont de la rue Sadi Carnot, au dessus des voies de chemin de fer. Mais cette fois, point de volonté d’embellir ou verdir la ville : il s’agit simplement de bloquer une rue pour permettre au restaurant l’Escargot de développer son nouveau concept de bistro. Et, bien sûr, le tout sur du gazon synthétique !

Bien sûr, parfois, se battre pour plus d’écologie, plus de solidarité et plus de démocratie à Puteaux est désespérant. Mais il faut bien que certain·e·s le fassent : c’est pourquoi, avec le Printemps Putéolien, nous continuons encore et toujours à défendre ces valeurs.

Bilan de l’Agenda 21 à Puteaux

Nous avons eu, lors du Conseil municipal du 4 avril 2019, une présentation du bilan de l’Agenda 21 à Puteaux. Un exercice compliqué pour la municipalité, puisque la ville de Puteaux est un (très) mauvais élève en matière d’écologie et de développement durable. Voici la vidéo et la retranscription de mon intervention sur le sujet.

Je suis assez impressionné par le rapport que vous nous avez transmis. Un document de 135 pages, relié, plastifié, est très beau, très bien conçu… Vraiment en termes marketing je pense que c’est une grande réussite. Est-ce que vous connaissez le terme d’écoblanchiment ? Ou peut-être sa traduction anglaise, “greenwashing” ? C’est exactement ce que vous faites avec ce document. L’écoblanchiment, c’est mettre beaucoup d’argent dans la communication pour se donner une image verte, écolo, pour masquer le manque de réalité de l’engagement écologique.

A quel point ne faut-il avoir aucun souci écologique pour sortir un document comme ça, certes sur papier recyclé, mais qui contrevient à tout bon sens ? J’espère que c’est au moins imprimé avec des encres végétales, mais quoi qu’il en soit cela reste une aberration anti-écologique. Plus que paradoxal puisque c’est le document qui est censé “greenwasher” votre politique, nous faire croire que vous vous souciez de l’environnement.

Remarque rapide sur votre éditorial, vous indiquez que Puteaux est un “territoire à énergie positive”, j’aurais aimé en savoir plus sur cet engagement, parce que sur le site des Territoires à énergie positive” bizarrement Puteaux n’apparaît pas. J’imagine qu’il s’agit d’un oubli de leur part, parce que je n’imagine pas que vous puissiez mentir en vous prévalant de cette appellation.

Concernant le fond du document, je pense que ce qui résume le mieux votre action, c’est encore les citations tarte-à-la-crème que vous avez étalées sur des doubles pages tout au long du document. En particulier celle de Confucius, “Celui qui déplace une montagne commence par déplacer de petites pierres”. Ou encore celle de Théodore Monod “Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire”. A vrai dire c’est même plutôt “le très très peu que vous pouvez faire”, visiblement. On parle là de déplacer de tous petits cailloux plutôt que de petites pierres.

Sur la lutte contre le changement climatique : il y a contradiction. D’un côté, il y a le concret, les actions de la collectivité comme pour la piscine. Vous remarquerez au passage que l’action que vous mettez le plus en avant est celle pour laquelle nous avons milité au sein de cette assemblée pendant des années. De l’autre il y a le flou comme la “prise en compte d’une grille développement durable dans les constructions neuves” : ça pose beaucoup de questions. On sait que les promoteurs immobiliers et les investisseurs ont tout à gagner à vendre du rêve dans leur projet sans pour autant être concret en terme de développement durable. Ex : sur le nombre de stationnement prévus par logement… Or, en quoi une grille influence-t-elle quoi que ce soit ? Quels résultats donnent cette grille concrètement ? Cela dit j’aime beaucoup la dénomination “grille développement durable”. On connaît votre passion pour les grilles, je suis surpris que vous n’ayez pas encore inventé les “grilles solidarité”, “grilles dynamisme économique”, “grilles pour l’emploi”, “grilles culturelles et associatives”… Ca viendra peut-être.

1 390 tonnes de déchets collectés : on peut féliciter les agents municipaux pour leur investissement au quotidien à rendre notre ville plus belle. En particulier en ramassant ce dont nous ne voulons plus. Mais il faut une véritable politique de diminution des déchets. Cela passe évidemment par l’instauration d’une redevance incitative basée sur le poids des conteneurs. Il faut également améliorer la pédagogie autour du tri sélectif, si besoin en instaurant des sanctions lorsque le tri est mal réalisé, en particulier celui du verre. A l’inverse, proposer un enlèvement général des encombrants trois fois par semaine est une incitation à l’augmentation du volume des déchets. Globalement, il y a beaucoup à faire en termes de carotte sans pour autant s’interdire, à terme, d’utiliser le bâton.

Vous parlez d’améliorer la qualité de l’air. Effectivement cela doit être une de nos priorités, comme le démontre l’étude parue la semaine dernière sur la qualité de l’air aux abords des écoles et dont les conclusions sont assez mauvaises pour Puteaux. On peut au passage regretter que les sondes AirParif aient été retirées, avec des dernières données disponibles datant de 2014… Il ne saurait de toute façon être question d’une quelconque amélioration de la qualité de l’air tant que notre ville sera traversée par deux autoroutes ! Je pense au quai de Seine dans le bas de Puteaux et à l’avenue de Gaulle dans le haut de Puteaux. Ces voies sont de très fortes sources de pollution, en premier lieu parce qu’on y roule trop vite. Or, le rythme des feux fait qu’on s’y arrête aussi souvent. Résultat : un niveau élevé de particules fines issues des coups de freins. Ces voies doivent absolument être apaisées. Vous nous direz que ce sont des départementales. Mais je suis certain que vous pourriez trouver les mots pour convaincre votre fils de défendre le bien être des Putéoliennes et des Putéoliens.

Vous évoquez dans le rapport les pistes cyclables. Il faut du courage pour oser parler de piste cyclable à Puteaux, je le reconnais. Le vélo étant officiellement votre ennemi, en faire à Puteaux relève souvent du calvaire. Une unique station vélib dans toute la ville, aucun aménagement pour les vélos dans la ville à tel point que votre fierté est d’avoir mis en place deux “arbres à vélo” pour un total de 20 places, sur une ville de 46000 habitants, aucune action sérieuse pour améliorer l’accessibilité de la Défense… Une bonne illustration de votre politique est la piste qui s’arrêt subitement au milieu de nulle-part Quai Dion-Bouton. Pourtant tout le quai est devenu un axe très fréquenté par les vélos et piétons. La Ville peut financer des comptages comme le fait le département si elle veut en avoir le cœur net ! Il faudrait initier une grande réflexion pour rendre cet itinéraire agréable.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur votre politique en termes d’Agenda 21, et je regrette que vous ayez intégré ce sujet à un Conseil municipal déjà très dense avec l’étude du budget. Je ne ferai donc qu’évoquer le ridicule du montant du budget participatif, qui n’est d’ailleurs pas reconduit cette année, le nombre d’arbres dans Puteaux indiqué de manière biaisée sans tenir compte des arbres coupés, l’absurdité de se vanter de réduire l’intensité lumineuse des panneaux publicitaires anti-écolo que vous avez installés il y a plusieurs années, le quartier des Bergères qui est en contradiction totale avec les principes écologiques dont il se prévaut…

En conclusion, comme souvent, ce document indique une série d’initiatives mais ne présente aucune vue globale. On parle d’actions ponctuelles, dont certaines sont intéressantes, mais restent limitées. Aucun bilan des émissions/consommations qui permettrait d’évaluer l’impact réel des initiatives municipales. En l’état, on ne mesure pas l’efficacité de ce qui est annoncé. En un mot, il manque à votre politique une vision.

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