Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : la Défense

La Rose de Cherbourg : un projet absurde

Le projet de la Rose de Cherbourg refait parler de lui ces derniers jours, avec le lancement de nouveaux travaux. L’occasion pour moi de revenir sur plusieurs absurdités contenues dans ce projet.

Tout d’abord, de quoi parle-t-on ? La Rose de Cherbourg correspond à l’échangeur entre le boulevard circulaire et la N13. Il faut avoir beaucoup d’imagination pour y voir une rose, je vous laisse juger :

©Défense.92

Tou·te·s ceux·celles qui ont l’habitude de rejoindre la Défense depuis Puteaux en passant par le centre commercial des 4 Temps le savent : il était urgent de transformer ce secteur. L’enchevêtrement de plateformes en béton et le nombre de voies de circulation à traverser rendait le tout non seulement glauque, mais dangereux. Il fallait donc agir.

Le quartier va donc être modifié progressivement. A l’heure actuelle, une résidence étudiante a été construite au milieu de cette “rose”, ainsi qu’une grande place. Le principe de la place piétonne est bon ; malheureusement, alors qu’il pourrait s’agir d’une opportunité de verdir l’espace, ce n’est a priori pas ce vers quoi nous allons nous orienter. Une expérimentation a été mise en place pour choisir le revêtement final, mais le gazon ne tient pas la corde (“trop difficile à entretenir” – sic). Je ne parle même pas des arbres prévus sur les premières projections qui nous avaient été transmises, et qui se sont transformés en un gros bâtiment au milieu de la place… On respirera plus tard.

C’est également sur cette zone qu’a débuté le chantier de la tour Hekla. La tour Hekla, cette tour obsolète avant même d’avoir été construite, puisqu’il s’agit d’une nouvelle tour de bureaux sans prendre en considération les transports et le logement. Un concept que l’on sait être à éviter absolument depuis plusieurs années maintenant, et qui a pour conséquence des transports bondés, des embouteillages, et une envolée des loyers et du coût au mètre carré, notamment à Puteaux. Mais il fallait bien que Jean Nouvel ait enfin sa tour à la Défense, après plusieurs échecs par le passé…

Rose de Cherbourg - vue aérienne

© Altarea Cogedim

Celles et ceux d’entre vous qui connaissent le quartier apprécieront la différence de taille entre la résidence étudiante existante et la tour monstrueuse qui prendra place à côté.

La suite du programme ? La transformation de l’échangeur en une “promenade piétonne et cyclable“. Vous en trouverez le détail sur la vue ci-dessous :

© Paris La Défense

Dans l’absolu, la création d’une promenade devrait être une bonne chose. Celle qui est prévue ne l’est pourtant pas. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’elle ne sera jamais utilisée. Elle ne relie rien qui ne soit déjà relié, et complexifie le trajet. J’en parle en tant que riverain également, il s’agit d’un quartier que je connais particulièrement bien : cette promenade, principalement bétonnée et minérale au vu de la projection, sera totalement inutile.

Il n’y avait qu’une seule chose à faire avec cette portion de l’échangeur : le détruire. Il s’agit d’énormes plateformes de béton, inutiles, inesthétiques, et qui amplifient le sentiment d’insécurité à leur abord. Elles doivent être détruites, il ne s’agit pas d’un témoignage patrimonial indispensable du siècle passé contrairement à ce que certain·e·s ont essayé de nous vendre. En éclaircissant ainsi l’espace, nous gagnerions en respirabilité, mais nous pourrions également développer des espaces verts à l’emplacement de ses soubassements.

Dans les aménagements absurdes supplémentaires, je citerai par exemple la disparition du terrain de basket, que j’ai déjà eu l’occasion de dénoncer en Conseil municipal :

Rose de Cherbourg - Campuséa

© Agence QuatrevingtDouze

Ce terrain est pourtant l’un des très rares aménagements à Puteaux prévu pour les jeunes. Les enfants disposent de nombreux squares de jeux, mais passé 10 ans les jeunes Putéolien·ne·s sont délaissé·e·s par la mairie. Selon la projection ci-dessus, il sera remplacé par… un bâtiment.

Autre aménagement sur lequel j’émets de grosses réserves : le remplacement de la bretelle actuelle entre le boulevard circulaire et le rond point de la défense par une nouvelle bretelle au niveau de l’avenue Jean Moulin. Cette avenue est déjà une autoroute urbaine, traversée par les cyclistes à leurs risques et périls, et longée par les piétons à contrecoeur lorsqu’il n’y a pas d’autre choix. Y ajouter l’échangeur principal entre le boulevard circulaire et Puteaux va empirer la situation.

Le projet de réaménagement de la rose de Cherbourg a donné lieu à plusieurs réunions de concertation, depuis plusieurs années. Plusieurs représentant·e·s du Printemps Putéolien y ont régulièrement participé (Nadine Jeanne, Laurent Giblot, moi-même…). Malheureusement, le projet final reste largement inacceptable. Il mériterait une action forte des riverains, autant à cause des nuisances qu’il va induire autant que des occasions manquées qu’il représente.

De la sécurité des Quatre Temps

Mercredi, une dépêche de l’agence Reuters indiquait que l’équipe terroriste ciblée par les forces de l’ordre à Saint-Denis préparait un attentat à La Défense. Si, depuis, l’information n’a pas pu être confirmée, laissant planer un doute sérieux sur sa véracité, une pétition a vu le jour pour demander une sécurisation du centre commercial de La Défense.

Pétition 4 Temps

Bien qu’habitant dans le quartier Boieldieu, dont les habitations sont les plus proches du centre commercial, j’ai choisi à titre personnel de ne pas la signer.

En effet, le texte de cette pétition se concentre sur une critique des vigiles actuels. Certes, les fouilles ne sont pas effectuées de manière rigoureuse, et le nombre de vigiles est sans doute insuffisant par rapport au nombre de visiteurs du centre. Mais leur rôle est simplement de faire de la sensibilisation, pas d’assurer concrètement notre sécurité. Les attaques de vendredi dernier, comme celles de janvier, le montrent : les vigiles sont les premières victimes des terroristes et de leurs armes automatiques. Ce n’est donc pas en contrôlant plus rigoureusement les sacs que nous nous protégerons contre ce type d’attaques.

En revanche, une présence des forces de l’ordre plus marquée serait rassurante. Comme beaucoup de Putéoliens, je passe par les Quatre Temps deux fois par jour, qui plus est avec une poussette. Et je ne croise que rarement les brigades de police ou militaires, la plupart du temps au niveau de la gare RER. Demandons donc plutôt des patrouilles plus fréquentes et plus visibles tant que nous serons en état d’urgence.

Ceci étant dit, je tiens à rappeler à chacun l’importance de ne pas tomber dans la psychose que cherchent à provoquer les terroristes. Oui, La Défense est une cible potentielle, et plus particulièrement les Quatre Temps, désignés comme tels par l’EI en février. Néanmoins, il est important que nous ne changions pas radicalement notre mode de vie suite aux dernières attaques. De la prudence est sans doute nécessaire, mais nous ne pouvons pas laisser la peur dicter nos comportements.

A titre personnel, je me rendrai dès ce week-end sur le marché de Noël du quartier d’affaires, qui ouvrira avec quelques jours de retard suite au renforcement des mesures de sécurité demain matin samedi 21 novembre à 11h. Le risque le plus important auquel je serai confronté sera sans doute celui de revenir avec plus de nougats et autres gourmandises de Noël que de raison !

Grand Paris – Mon intervention sur le projet de territoire

Lors du Conseil municipal de Puteaux du 8 octobre, nous avons étudié le projet proposé par le préfet de région concernant la création d’un “territoire”, future intercommunalité au sein de la Métropole. Retrouvez ci-dessous le dossier défendu par la Mairie de Puteaux, ainsi qu’une vidéo de mon intervention.

Mon intervention

Le dossier défendu par la Mairie

Par courrier reçu le 22 septembre 2015, Monsieur le Préfet de la Région d’île-de-France a saisi le Maire de Puteaux afin qu’il soumette pour avis au Conseil municipal le projet de décret fixant le périmètre et le siège d’un établissement public territorial (EPT) composant la métropole du Grand Paris.

Ledit projet de décret dispose dans son article 1er que la Ville de Puteaux sera incorporée à un établissement public territorial dont seront également membres les villes de Courbevoie, Garches, La Garenne-Colombes, Levallois-Perret, Nanterre, Neuilly-sur-Seine, Rueil- Malmaison, Saint-Cloud, Suresnes, Vaucresson.

Territoires Grand Paris

L’article 2 dudit projet de décret fixe le siège du futur établissement public territorial à Nanterre.

Conformément à l’article 59 de la loi n°2015-991 portant nouvelle organisation territoriale de la République du 7 août 2015, les conseils municipaux des villes concernées doivent formuler leur avis dans un délai d’un mois.

Le projet de décret est l’aboutissement d’un long processus, assez chaotique, imposé par l’Etat aux 131 villes regroupant 7 millions d’habitants concernées par les 12 Territoires envisagés. Il est largement admis que ce processus a été empreint d’un réel dédain du Gouvernement pour la volonté exprimée par les parlementaires et par les élus locaux.

Au total, le projet de décret ici présenté n’accorde aucune considération pour les réalités locales et l’attachement de nos concitoyens à leur ville et au tissu local.

Aucune explication n’accompagne le tracé du périmètre proposé par le Préfet de Région. Pourquoi avoir choisi d’y intégrer 11 communes au lieu de 7, 9 ou 13? Comment peut-on solliciter un avis sur un sujet aussi important sans même expliquer les motifs précis qui ont conduit aux choix arrêtés.

Pour la Mission de Préfiguration du Grand Paris, trois critères principaux devaient prévaloir pour établir la carte des futurs Territoires :

  • l’homogénéité de taille des Territoires,
  • le maintien d’une proximité avec les habitants,
  • et la présence d’un pôle économique en son centre.

Ces 3 critères sont pertinents et se complètent parfaitement. Or, ces conditions ne sont pas remplies par le projet de périmètre ici présenté.

Le périmètre envisagé ferait de l’établissement public territorial de « La Défense » le 2e plus important de la Métropole du Grand Paris (hors Paris) en termes de population avec 568 016 habitants alors que la loi n’impose que 300 000 habitants. Il compterait ainsi 253 500 habitants de plus que le Territoire dit T3 et 173 000 de plus que le Territoire dit T2 qui se situent tous deux au sud du département des Hauts-de-Seine. La Ville de Puteaux compterait pour à peine 8% de la population. Manifestement l’exigence de proximité, censée être au cœur de l’institution des territoires, est totalement occultée.

A cet égard, on ne peut que s’étonner que le trio de villes formant l’agglomération Cœur de Seine soit rattaché à La Défense et non au futur territoire T3 qui recouvrira « GPSO ». Il apparaît objectivement que ce choix ne répond à aucun des 3 critères rappelés en préambule. Quel lien économique ces villes entretiennent-elles avec La Défense alors qu’on sait qu’elles sont bien plus tournées vers GPSO ? Quel bassin de vie forment-elles avec Puteaux, Nanterre, La Garenne-Colombes ou Courbevoie ? La logique d’équilibre et d’homogénéité des territoires justifie amplement et à elle seule que les 3 villes formant l’agglomération de Cœur de Seine rejoignent « GPSO » qui ne compte que 314 621 habitants !

En proposant un tel regroupement de 11 villes au sein de la Métropole du Grand Paris, le Gouvernement fait le choix :

  • du lissage par le bas des services proposés à la population,
  • de la hausse de la fiscalité des ménages et des entreprises (ex. forte augmentation de la TEOM et de la CFE),
  • de la perte d’attractivité du pôle de La Défense,
  • de l’éloignement des citoyens des centres de décision,
  • de la bureaucratie avec une nouvelle administration à créer   qui   nécessitera la mobilisation de lourds moyens en ressources et personnels pour fonctionner,
  • de l’empilement des strates administratives avec une strate supplémentaire que nos citoyens devront financer par leurs impôts sans aucun bénéfice,
  • de la perte massive de ressources financières,
  • du désengagement toujours plus fort de l’Etat.

Cette perspective n’est pas acceptable. Elle va à rencontre des valeurs démocratiques qui mettent au premier plan l’esprit d’initiative, le dynamisme local et le lien de confiance plutôt que la centralisation, la technocratie et les lourdeurs administratives.

Seul un territoire plus resserré autour de La Défense garantirait aux Putéoliens la possibilité de peser demain encore sur leur avenir et limiterait la pression fiscale que leur promet le Gouvernement avec la Métropole du Grand Paris, véritable « mastodonte » bureaucratique.

Pour l’ensemble de ces raisons, il est proposé au conseil municipal de rendre un avis défavorable au projet de décret fixant le périmètre et le siège d’un établissement public territorial composant la métropole du Grand Paris.

Puteaux, la ville où il ne fait pas bon être un enfant

Puteaux, la ville où il fait bon vivre“, scande fièrement la Mairie. Nous le savions déjà, cette devise (fort louable, au demeurant) ne s’applique pas aux catégories les plus modestes de la population. Ni aux personnes ne partageant pas les idées de la Mairie. Ni même aux propriétaires de voiture. Ni… la liste est longue. Aujourd’hui : les enfants.

Je ne parlerai pas ici des problèmes longuement discutés ailleurs (et notamment sur le site du Parti Socialiste de Puteaux), comme les crèches par exemple, qui restent un des points noirs de la politique municipale. Je souhaite m’attarder sur un point un peu plus d’actualité : l’ouverture du nouveau collège privé de Puteaux, de son “petit” nom le collège Bienheureux-Charles-de-Foucauld.

Pour mémoire, les conditions d’attribution du bail à ce nouveau collège avaient déjà été dénoncées par les élus socialistes de Puteaux. Ces privilèges s’ajoutent aux réglementations aberrantes impliquant que les collectivités publiques financent les établissements privés, et qui sont déjà, en soi, honteuses. Mais c’est un point de vue personnel, j’en conviens.

Ce qui doit moins l’être, c’est le jugement des dispositions d’accueil des élèves dans ce nouveau collège. Comme annoncé dans Le Parisien ce jour, si le collège est mixte, les classes, en revanche, ne le seront pas. Et là le lecteur a un doute. Alors on relit. Une fois, deux fois… Et oui, le collège Bienheureux-Charles-de-Foucauld accueillera les filles et les garçons, mais dans des classes séparées !

Quelle honte… Comment est-il possible de tolérer ce genre de choses dans notre République ? Quelle est la justification idéologique sous-jacente ? Ces derniers temps, les Français ont eu le verbe facile contre les musulmans (extrêmistes) et leurs atteintes à la liberté de la femme. Qu’en est-il de l’Eglise catholique ? Nous sommes au XXIème siècle, et il est inconcevable que notre République soutienne, moralement comme financièrement, ce genre de discriminations. Nos impôts n’ont pas à subventionner ces écarts.

Attention, je ne dis pas que cette ségrégation est mise en place parce que les filles seraient moins “aptes” que les garçons. Je n’ai pas de présupposé concernant l’aberration idéologique ayant abouti à cet état de fait. C’est le fait même d’aboutir à une ségrégation qui est révoltante. Qu’aurait-on dit si, à la place de filles/garçons, elle avait concerné les noirs/blancs ? C’est abject, mais, comme vous le savez, c’est nous qui l’avons payé.

Pauvres enfants, donc, qui seront ramenés, à Puteaux, à des générations en arrière, direction le début du XXème…

Arrêté municipal enfants PuteauxQue l’on se rassure, cela ne choquera sans doute personne à la Mairie de Puteaux. Puisque, quoique l’on en dise, l’enfant y est vu comme un ennemi des braves gens, depuis des années. Prenons par exemple l’arrêté municipal, toujours en vigueur, interdisant les “Jeux d’enfants” sur le territoire de la Défense (cf. ci-contre). Qu’on ne prenne pas les enfants à jouer à la balle, à faire du vélo, ou du patin à roulettes/rollers ! Jusqu’à une dizaine d’années, ils ne sont tolérés que sur les aires de jeux dissémniées dans la ville. Et après ? S’ils peuvent aller voir ailleurs, et de préférence du côté de Nanterre, c’est mieux. Et la Mairie leur fait savoir en élevant des grilles autour de tous les parcs et jardins de la villes. “Racailles adolescentes, on ne veut pas de vous !”

Proposition : et si on laissait vivre nos enfants et nos jeunes ? Et si on cessait de ne voir en eux que des délinquants à venir, des dealers futurs ? Alors, remettons les filles et les garçons dans les mêmes classes, dessinons des marelles et des terrains de foot sur nos espaces libres, et roulez jeunesse !

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