Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : LREM

Un budget fragile, des mensonges… La suite du conseil municipal fleuve – Partie 2 [4 juin 2020]

Deuxième partie du Conseil municipal marathon du jeudi 4 juin 2020, consacré notamment à l’adoption du compte administratif 2019 et du budget primitif 2020 de Puteaux.

Compte administratif 2019 : Puteaux gagne toujours trop d’argent

Le Compte administratif correspond à l’étude des comptes de la commune pour l’année passée. Il s’agit de contrôler la gestion de la ville, notamment en le comparant au budget prévisionnel adopté l’année d’avant. A Puteaux, en 2019, comme tous les ans, la ville a gagné plus d’argent que prévu, et n’a pas réussi à dépenser tout ce qu’elle avait prévu.

Pour une entreprise, gagner plus d’argent ou dépenser moins est loin d’être un problème. C’est cela qui permet de faire du bénéfice. Pour une commune, le raisonnement n’est pas le même. Les communes n’ont en effet pas le droit de faire de profit, puisqu’elles se financent grâce à l’argent des contribuables. Chaque année, elles doivent donc présenter un budget équilibré : les dépenses doivent correspondre au centime près aux recettes.

Pour la majorité des communes de France, c’est un problème : les recettes ne couvrent souvent pas toutes les dépenses, et elles sont obligés de s’endetter pour se financer. A Puteaux aussi, c’est un problème, mais à l’envers : grâce à l’argent de la Défense, la mairie n’arrive pas à dépenser suffisamment vite son argent (et donc l’argent des contribuables). Résultat, chaque année, on s’aperçoit après coup que les recettes courantes ont été sous-évaluées (en 2019, on gagne 6 millions de plus que prévu), et que les dépenses courantes ont été gonflées (en 2019, on dépense 6 millions de moins que prévu).

Cette manière de tricher pose un problème de fond : cela signifie que Puteaux pourrait augmenter son niveau de service (par exemple en mettant en place un Revenu Minimum Social Garanti !), ou, si la majorité actuelle manque d’idées, à tout le moins baisser les impôts.

Mon intervention sur le compte administratif 2019 : 

Budget Primitif 2020 : la crise sanitaire fragilise les comptes de Puteaux

Le budget primitif correspond au budget prévisionnel de l’année à venir. Vous remarquerez que nous sommes en juin, et qu’il serait donc temps de s’intéresser au budget prévisionnel de 2020 !

Effectivement, contrairement à de nombreuses communes, Puteaux refuse chaque année de faire un budget prévisionnel en décembre de l’année précédente. D’habitude, nous nous retrouvons donc à examiner le budget prévisionnel en mars, alors qu’un quart de l’année est déjà écoulée. Cette année, en raison de la crise sanitaire, c’est en juin, après presque la moitié de l’année, que le budget prévisionnel est adopté ! C’est un problème récurrent à Puteaux, que l’on constate à chaque conseil municipal, et que l’on retrouve dans les rapports d’audit extérieurs du fonctionnement de la ville : nous sommes incapables de faire des prévisions. Un exemple : lorsque le Conservatoire a été construit, pour environ 40 millions d’euros, nous avons demandé à Joëlle Ceccaldi-Raynaud combien il nous coûterait en fonctionnement à l’année. Elle nous avait alors répondu : “comment voulez-vous qu’on le sache, il n’a pas encore ouvert !”.

Aucune vue prospective, aucune anticipation. Pour celles et ceux qui viennent d’autres communes, ou qui travaillent dans le secteur privé, c’est aberrant. D’autant que le budget de Puteaux est énorme, 400 millions pour 2020, plus de trois fois la moyenne des autres villes de 45 000 habitants. Mais profitant des larges revenus issus de la Défense, la mairie de Puteaux préfère se “laisser porter”, en se disant que de toute façon nous avons trop d’argent.

En 2020, ce sera un peu moins vrai. En effet, en raison notamment de la crise sanitaire, le budget ne trouve son équilibre que grâce aux excédents de l’année précédente. C’est d’autant plus inquiétant qu’en parallèle, le budget compte sur 48 millions d’euros de recettes grâce à la vente de terrains dans le quartier des Bergères, et que les années passées ces ventes ont régulièrement pris du retard. J’ai alerté Joëlle Ceccaldi-Raynaud sur ce sujet. Il faudra être particulièrement vigilant cette année sur l’exécution du budget : pour la première fois, Puteaux peut finir l’année dans le rouge.

Mon intervention sur le budget primitif 2020 :

Indemnisations des élu·e·s :

Début de mandat oblige, nous avons voté les indemnités que recevraient chaque élu·e·s. La maire de Puteaux s’est attribué le maximum prévu par la loi (4025€), rognant sur les indemnités des adjoints (1309€). Aucune indemnité n’a été attribuée aux conseillers municipaux sans délégation. A savoir : le mandat d’élu d’opposition est bénévole, et en raison des conseils municipaux placés en journée et des différents frais, il me coûte à titre d’exemple environ 1500€ par an. Une indemnité de 100€ par mois aurait donc été logique et juste ; elle a été rejetée par Joëlle Ceccaldi-Raynaud.

Commission d’appel d’offres : les mensonges de LREM

Souvenez-vous : le 25 mai, les élu·e·s LREM avaient souhaité bénéficier d’un élu au conseil de territoire (= communauté d’agglomération). Pour cela, ils avaient besoin du vote unanime des 7 conseillers de l’opposition, y compris du mien. Par solidarité, j’avais accepté de leur donner mon vote, afin d’éviter qu’un élu LR / Ceccaldi n’ait un conseiller supplémentaire (ils en possèdent déjà 6). En contrepartie, le groupe LREM avait proposé que chaque groupe ait un représentant dans une instance importante : Puteaux La Transition s’est ainsi retrouvé au Conseil d’Administration du CCAS, et je devais siéger à la Commission d’Appel d’Offres.

Las ! Quelques heures avant le conseil municipal, LREM change d’avis, et décide de m’écarter de cette commission pour y placer l’une de ses élu·e·s. Réalisant une alliance de circonstance avec EELV, le parti de la majorité gouvernementale est ainsi pris en flagrant délit de mensonge. Ce n’était malheureusement pas entièrement une surprise, mais cela constitue une entaille importante à la solidarité et la confiance qui auraient dû animer l’opposition pendant 6 ans.

Détail amusant : en apprenant cela, la majorité LR a tenté de m’instrumentaliser en me poussant à présenter ma candidature, vraisemblablement pour empêcher LREM d’obtenir cette place en commission. Parce que je pense que l’opposition doit être éthiquement irréprochable, contrairement aux agissements de certains de mes collègues, j’ai bien sûr refusé de me prêter à ce jeu.

Ma proposition de soutenir les restaurateurs rejetée

En fin de conseil, j’ai proposé à Joëlle Ceccaldi-Raynaud de soutenir les restaurateurs en les exonérant de taxes sur leurs terrasses, comme c’est le cas dans de nombreuses autres villes en France, y compris à Paris. Ma proposition a été refusée, la maire de Puteaux préférant les exonérer uniquement sur l’extension de leurs terrasses. En clair : leurs terrasses habituelles donnent lieu à des taxes, en revanche leurs extensions (autorisées en raison du Covid) sont exonérées.

Un cadeau très modeste pour la plupart des restaurateurs, qui n’ont pu étendre leur terrasse que des quelques mètres carrés. En revanche, un énorme cadeau au Saperlipopette!, qui a étendu sa terrasse sur l’ensemble du passage Mars et Roty, et pour l’Escargot, qui a bénéficié de la piétonnisation d’un bout de rue entier pour installer sa terrasse (le pont de la rue Sadi Carnot).

Dommage d’avoir refusé d’aider l’ensemble des commerçants et d’avoir préféré une aide ponctuelle à ces deux établissements uniquement !

Les enfants bientôt accueillis toute la semaine

J’ai répété en conseil ma demande d’accueillir l’ensemble des enfants volontaires en semaine entière, grâce à la mobilisation des équipements municipaux. Pour l’instant en effet, la plupart des enfants sont accueillis par moitié de semaines à l’école, obligeant les parents à se mettre en congé de leur travail la moitié de la semaine. J’ai proposé que la ville mobilise ses animateurs pour proposer à tous les enfants des ateliers culturels, sportifs ou de soutien scolaire sur le reste de la semaine. Cette demande a été entendue, et un large plan d’accueil est en préparation.

Mon analyse des résultats des européennes 2019

Victoire du Rassemblement National ? Défaite de Macron ? Victoire d’EELV ? Défaite de LFI ? On lit beaucoup de choses sur les résultats des élections européennes de dimanche dernier. Voici mon analyse des résultats nationaux et à Puteaux.

Les européennes au niveau national

Les résultats aux européennes 2019 en France (source : Liberation.fr)

Les résultats aux européennes 2019 en France (source : Liberation.fr)

Le premier constat, évident, est que le score du Rassemblement National est beaucoup trop important. Jamais nous ne devrons nous y résigner, ce parti est l’ennemi de la République, et chaque voix obtenue est un échec de l’ensemble de la classe politique démocrate et républicaine. Quel que soit notre bord politique, le résultat de dimanche soir est donc obligatoirement, et avant tout, inquiétant.

Néanmoins, peut-on réellement parler de défaite de LREM et d’Emmanuel Macron ? Certes, comme le dit très justement Boris Vallaud, en essayant de faire de Macron une digue anti-RN, LREM n’a réussi qu’à faire du RN une digue anti-Macron.  Mais je suis convaincu que cela reste l’objectif premier du Président de la République : finir d’installer le clivage libéraux contre populistes comme seul clivage de la politique française (voire européenne). En cela, le résultat de dimanche soir constitue un succès pour LREM. Après avoir dynamité la gauche en 2017, voici qu’ils ont dynamité (ou plus exactement, phagocyté) la droite. Et installé un peu plus le match Macron vs. Le Pen qu’ils espèrent tant voir se reproduire en 2022, s’agissant du meilleur scénario pour une réélection.

Je n’aurai pas de mot suffisamment dur pour qualifier cette stratégie. Cette vision électoraliste à court terme est mortifère. Nous ne répéterons jamais assez qu’en installant l’extrême droite en seul opposant politique, en seule alternative, Emmanuel Macron programme son arrivée au pouvoir.

Pour contrer cette stratégie à vocation hégémonique de duo LREM / RN, le scrutin de dimanche a montré une voie. Le bon score des écologistes (même s’il faut savoir raison garder, il ne s’agit que de 13,5% à une élection européenne) vient en écho de la teinte verte qu’ont pris les différents programmes de gauche, Génération·s bien sûr, LFI, mais également des partis historiquement plus réservés sur ce sujets tels que le PS et le PCF.

La voie qui doit s’imposer, face aux libéraux et populistes, est celle de l’écologie et de la justice sociale. On en est loin, notamment parce qu’aujourd’hui les forces sont divisées entre de nombreuses chapelles, qui pour diverses raisons n’ont pas été conciliables dimanche. Mais ce n’est pas une fatalité. Nous voyons, chacun doit voir, le potentiel que cachent ces scores éclatés.

Il y a énormément de points communs entre les EELV qui refusent la vision ni-de-gauche-ni-de-gauche portée par certains, les Génération·s, les PS-PP qui se reconnaissent plus en Glucksman qu’en le social-libéralisme, les PCF qui ont dépassé une vision productiviste historique, les LFI qui reviennent d’un positionnement populiste voué à l’échec… Et tant de sympathisants, qui n’attendent que cela.

Il est temps de construire enfin cette maison commune, que l’on évoque chacun dans son coin depuis des années sans vraiment s’y atteler. Cette construction ne peut se faire derrière personne, autour de personne, mais bien ensemble. Bien sûr, la responsabilité de lancer cette dynamique incombe en premier lieu à EELV. Chacun devra faire preuve d’humilité, ce qui est souvent une gageure en politique. Mais notre responsabilité est là, et ne pas l’assumer serait condamner notre pays à voir se succéder les politiques injustes et dépassées des libéraux et les politiques fascisantes de l’extrême droite.

Au travail.

Les européennes à Puteaux

Résultats des élections européennes 2019 à Puteaux

Résultats des élections européennes 2019 à Puteaux

A Puteaux, les résultats sont également porteurs de messages intéressants. Tout d’abord, ils sont la confirmation que le Rassemblement National ne parvient pas à s’implanter dans notre ville. Absente du Conseil municipal, l’extrême droite ne perce pas plus aux scrutins nationaux. Je m’en réjouis !

Le grand enseignement est avant tout l’effondrement du parti de Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Les Républicains ne rassemblent que 13,8% des voix, sans doute le score le plus bas réalisé par le parti depuis plus de 20 ans. Alors que l’on estimait que la “machine électorale ceccaldiste” assurait 5 000 voix à chaque élection, seules 2 340 personnes ont glissé le bulletin de la majorité municipale dans l’urne. En y ajoutant les voix de l’UDI et de Debout la France, on atteint péniblement 19%.

Joëlle Ceccaldi-Raynaud ne s’y est pas trompée : ce résultat est un très mauvais présage pour elle. Oubliée l’annonce traditionnelle des résultats au micro devant un parterre conquis à la Mairie le soir des élections. Seuls les nombres de voix, sans aucun pourcentage, ont été annoncés, sans micro, dans l’entrebâillement d’une porte.

Ce résultat s’explique avant tout par le fait que LREM est désormais la première force de droite à Puteaux. L’étude des résultats détaillés le montre effectivement : c’est désormais l’électorat de droite qui constitue le socle du parti présidentiel, en résonance avec sa politique nationale. Avec 30,4% des voix, LREM est largement devant LR, même renforcé par l’UDI et DLF/CNIP. De quoi provoquer quelques nuits blanches à la mairie.

Le résultat de la gauche et des écologistes est l’autre surprise de ces élections européennes à Puteaux. Avec EELV frôlant les 15%, dépassant son score national, les forces de la gauche et de l’écologie totalisent plus de 35% des voix. Bien sûr, cela ne doit pas éclipser le fait que la ville est toujours majoritairement à droite, mais il faut y voir un signe d’espoir pour les années à venir.

Comme au niveau national, l’enjeu principal sera l’union ou la désunion de ces différentes forces. Mais l’avenir est prometteur !

Au travail (à nouveau).

Francis Poézévara 2015 - Tous droits réservés