Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

Étiquette : Paris

Attentats : 13 novembre J+3

Trois jours. Il m’aura fallu trois jours pour pouvoir écrire sur les attentats de Paris, vendredi dernier. Trois jours de douleurs et de peine, rythmés par les témoignages des victimes ou de leurs proches. Trois jours durant lesquels je suis, comme vous, resté connecté aux sites ou chaînes d’informations, guettant la moindre avancée dans l’enquête. Trois jours à lire sur les réseaux sociaux ceux qui réussissaient à exprimer ce que cette tragédie leur faisait ressentir.

Et puis aujourd’hui, cette envie d’écrire irrépressible, ce besoin d’expliquer ce que j’ai ressenti, moi qui ai la chance de ne pas avoir perdu de proche dans les attaques.

Il y a d’abord le choc. Cette incrédulité lorsque les premières alertes apparaissent, les premiers SMS. Une fusillade en cours ? Est-ce un règlement de compte ? Une autre fusillade, des explosions au Stade de France, le mot attentat qui est lâché. “Encore”.

Puis les larmes, à trois reprises. Devant les témoignages, d’abord, repris en boucle sur les chaînes d’information. C’est la force des histoires individuelles : derrière chacune des 130 victimes se cache un fils, une sœur, un père, une amie… Chaque situation est bouleversante. Devant le premier discours de François Hollande, ensuite, au détour d’une simple phrase : “C’est une horreur”. Enfin, devant tous les témoignages de solidarité à travers le monde : les monuments tricolores, la Marseillaise entonnée sur toute la planète…

Minute de silence attentats Puteaux

Cérémonie de commémoration des attentats du 13 novembre à Puteaux

Aux larmes ont vite succédé la colère. La colère contre ces lâches qui s’en prennent à une population civile sans défense avant de se tuer ou de disparaître. Une lâcheté imbécile, puisque leurs actes innommables n’aboutiront qu’à desservir leur cause.

En attaquant des Français, ils ont cru pouvoir tuer la France. Pourtant, aujourd’hui, la France a mal, la France pleure, mais la France est toujours forte. En attaquant la France, ils ont cru pouvoir abîmer les valeurs dont notre pays est l’un des symboles et que nous faisons vivre aujourd’hui au sein de l’Union Européenne. Mais face à ces valeurs, la barbarie ne peut triompher.

A coups de kalachnikovs et de ceintures explosives, ils ont essayé de détruire et la liberté et l’égalité. En retour, nous n’avons qu’une arme, une belle arme, la fraternité. Nous continuerons évidemment à être libres, nous serons toujours égaux, mais plus que tout il nous faut être fraternels. C’est peut-être la partie de notre devise la moins comprise, mais c’est elle qui doit guider notre réponse.

Commentaire New-York Times sur les attentats à Paris

Commentaire vu sur le site du New-York Times

J’entends depuis samedi des récupérations honteuses, des déclarations appelant au repli sur soi. Se replier sur soi, c’est faire gagner les lâches imbéciles. Stigmatiser une communauté, c’est faire gagner les lâches imbéciles. Ils se sont attaqué vendredi soir non seulement au vivre, mais au vivre ensemble. Ne les faisons pas gagner.

La lutte contre les extrêmismes doit nous guider. Certains, en réaction à celui de ces lâches imbéciles, sont tentés par un autre. Celui-là ne descend pas dans la rue avec des armes automatiques, il n’est sans doute pas aussi dangereux pour les Français, mais il l’est assurément, sinon plus, pour la France. Soyons dignes de nos valeurs, soyons en fiers, refusons le nationalisme de repli qui en est l’antithèse.

Heureusement, tout n’est pas noir aujourd’hui. L’espoir n’a pas tout à fait disparu. Tout d’abord, parce que nous avons un Président à la hauteur des événements. Bien que fréquemment en désaccord avec lui sur sa politique économique, j’ai vu ce week-end l’un des meilleurs Présidents que nous aurions pu avoir dans ce contexte. Un Président qui a toute ma confiance. Espoir aussi, devant l’immense flot de solidarité qui a déferlé sur la France, d’abord, à travers des bougies, des rassemblements malgré l’état d’urgence, des opérations #PorteOuverte… Et sur le reste de la planète ensuite, dans cet élan fraternel dont nous avions eu un premier aperçu en janvier. Les peuples des différents pays du monde croient en la France. A travers leurs hommages, ce sont nos valeurs qui sont réaffirmées par tous, valeurs que nous avons si bien su transmettre à l’Union Européenne.

J’ai participé ce midi à la minute de silence organisée à la mairie de Puteaux. Il était important pour moi de m’inscrire dans cette démarche municipale, en tant que représentant des Putéoliens. Je regrette bien évidemment que les élus d’opposition n’aient pas été invités à rejoindre le reste des élus sur l’estrade pour la minute de silence et la Marseillaise, mais j’ai choisi de ne pas provoquer de scandale dans ces instants si importants. Ils appellent à la responsabilité.

Registre de la Mairie de Puteaux lors de la minute de silence pour les attentats du 13 novembre

“Face à l’horreur de la barbarie, restons ouverts, vivants, unis.” – Registre de la Mairie de Puteaux pour les attentats du 13 novembre

Le livre noir des villes de gauche

"Le livre noir des villes de gauche" de l'UMP

“Le livre noir des villes de gauche” de l’UMP

Les élections européennes approchant, l’UMP a sorti hier son “livre noir des villes de gauche“. Après le “livre noir des régions socialistes”, c’est donc aux municipalités socialistes que la droite s’attaque. J’aurais pu ne pas en parler pour ne pas lui faire de pub, mais ce livre m’a tellement amusé que je ne résiste pas au plaisir de le faire !

S’opposer pour s’opposer

Et en effet, ce livre est amusant à plus d’un titre. Tout d’abord, alors qu’on entend régulièrement l’UMP raconter “le PS, c’est l’opposition permanente”, ou bien dire que nous n’avons pas de propositions, ils se livrent à une critique en règle – absolument non constructive – de la gestion de la Gauche dans les villes. Cela prouve, s’il y avait besoin, qu’ils n’ont actuellement aucune idée à défendre, alors que le PS, à travers son Manifesto, a établi un programme concret, aux propositions ambitieuses et solides. On comprend alors que la droite en soit réduite au dénigrement systématique, quand elle n’a toujours pas réussi à mettre en place ses listes pour les élections, ni un programme autre que “Non à la Turquie !”.

Des critiques absurdes et sans fondement

Ceci dit, si leurs critiques étaient fondées, on pourrait comprendre qu’ils sortent ce livre. Mais c’est là le second point amusant ! Je n’ai lu pour l’instant que les critiques de Grenoble et Paris, et j’ai beaucoup ri.

Grenoble

Grenoble

Pour Grenoble, Fabien de Sans Nicolas commence par remettre en cause l’arrivée de Michel Destot à la tête de la ville. Alors qu’Alain Carignon serait devenu maire héroïquement, Michel Destot n’y serait arrivé que grâce à une “bonne fée”. Est-il nécessaire de rappeler que Carignon croule à l’époque sous les “affaires politico-judiciaires”, qui font de lui l’un des politiques les plus malhonnêtes de son époque ? Qu’il a été condamné à 5 ans de prison (notamment) pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins ?

Le reste du texte de Fabien Sans Nicolas a du mal à attaquer la politique de Michel Destot. Il passe rapidement sur ses deux premiers mandats (et donc sur 12 ans de la ville), pour ne s’attarder qu’à la première année du nouveau mandat. Et que lui reproche-t-il alors ? Il lui reproche, je cite, de “ne pas avoir su anticiper la crise”. Ce constat est particulièrement ironique, à deux égards. Premièrement, si la Droite n’a jamais imaginé un seul instant que le modèle libéral conduirait à la crise, la Gauche l’a toujours dénoncé ! L’hôpital se moque-t-il de la charité ? Et deuxièmement, qui, il y a un an, aurait pu prévoir que la crise économique serait si rapide et si forte ? Personne.

Enfin, dernier point sur lequel l’UMP attaque Michel Destot : “il a conduit Grenoble à un échec cuisant lors de la désignation de la ville qui représentera la France à l’organisation des Jeux Olympiques de 2018”. Apparemment, F. de Sans Nicolas ne s’est pas beaucoup intéressé au dossier ! En effet, comme je le précisais dans l’article sur les candidatures aux JO, après étude des dossiers par la commission, Grenoble était en tête ! Ce qui signifie que la capitale des Alpes avait le meilleur dossier sur le fond. Si Annecy a finalement été choisie, c’est grâce au vote des membres du CNOSF, vote qui résulte plus du sentiment personnel que de l’étude technique. Comme “échec cuisant”, on a vu pire !

Paris

Paris

Pour Paris, je la ferai courte, car la critique est encore plus caricaturale ! Il est reproché à Bertrand Delanoë d’être “un maire moderne, soucieux des problèmes économiques et désireux de promouvoir l’art et la culture“. Et de rappeler la mise en place des Vélib‘, l’organisation des Nuits Blanches, ou encore Paris Plage… Pire encore, Delanoë a – quelle hérésie -, créé des emplois ! L’UMP est donc le seul parti qui, à l’heure où le chômage explose, déplore la création de 8 000 postes de fonctionnaires.

Enfin, dernier point dénoncé par la Droite, le PS à paris, “au nom de l’idéologie socialo-verte”, a privilégié le déplacement en transports en commun plutôt que le déplacement en voiture. Qui aujourd’hui s’oppose encore à cela ? L’UMP nous fait une belle démonstration anti-écologique, à l’heure où le développement durable et l’empreinte de l’Homme sur la planète sont sur toutes les lèvres.

Et Puteaux, dans tout ça ?

Puteaux

Enfin, la lecture de ce document est d’autant plus “amusante” pour les Putéoliens. Lorsque l’on compare les critiques formulées par le parti de Joëlle Ceccaldi-Raynaud avec la politique que celle-ci met en place dans notre ville, on hallucine. Que ce soit sur l’augmentation des impôts (votée lors du dernier Conseil Municipal), le budget “petits fours” (qui est toujours cité ironiquement par nos voisins), les logements sociaux (dont le pourcentage baisse chaque année, et qui sont souvent insalubres), le mépris de l’opposition (dont les questions ont par exemple été zappées lors du Conseil Municipal de janvier), etc., Puteaux fait bien pâle figure à côté des villes socialistes. A quand le livre noir de Puteaux ?

Un livre inutile

Pour conclure, je dirais qu’il est logique que ce livre noir soit plus que bancal : il est bien difficile pour la Droite de critiquer les mairies socialistes, dont la gestion est bien meilleure que la leur. Mais alors, pourquoi tout de même essayer de faire un livre noir sur ce sujet ? S’abstenir aurait sans doute été la meilleure solution, surtout à la veille d’un rendez-vous électoral !

Petit bonus : on remarquera l’extrême démagogie de “l’ouvrage”. A aucun moment, le logo UMP n’apparaît, ou le parti n’est cité. Volonté affichée de faire croire aux Français qu’il s’agit d’un livre indépendant, alors qu’il a été effectué par le parti de la majorité, et que tous les témoignages sont écrits par les candidats de droite ayant perdu les élections municipales !

Francis Poézévara 2015 - Tous droits réservés